Quand on l’a appelé, on a d’abord fait chou blanc. « J’étais en studio, ça traînait un peu », s’excusera-t-il par message quelques minutes après. Eric Legnini, 54 ans, a toujours un album à terminer, une session à diriger en tant que producteur ou un train à prendre pour donner un concert avec de multiples formations, aussi prestigieuses qu’audacieuses.
Comme leader ou aux côtés d’une nuée d’artistes (Serge Reggiani, Christophe, Henri Salvador ou encore Yael Naim, mais aussi John McLaughlin, Milton Nascimento, Manu Katché, Stefano Di Battista, Hugh Coltman, etc.), il est devenu une référence, un gars qu’on veut avoir dans son équipe. « Il n’y a pas vraiment de temps mort, mais on ne va pas se plaindre. Maintenant, j’essaye quand même de couper en août », glisse le natif d’Huy, près de Liège.
Un mythe ressuscité
Directeur musical de la prochaine tournée de Thomas Dutronc, Eric Legnini a jonglé avec son planning pour y faire entrer trois dates dans les Alpes-Maritimes. Premier stop le 14 juin au Pathé Gare du Sud de Nice, pour une performance en duo avec le trompettiste Varois Stéphane Belmondo, juste avant la projection de « Born To Be Blue », biopic de 2015 consacré à Chet Baker.
« Stéphane connaît très bien la musique de Chet, qui l’avait même invité à monter sur scène avec lui à Paris. Il y avait une sorte de filiation évidente. Et moi, dans mon adolescence, je jouais avec Jacques Pelzer, qui a vraiment compté dans l’émergence du bebop en Europe. Il avait collaboré avec Chet, tout comme le pianiste Richie Beirach, que j’ai eu comme professeur quand j’étais à New York », détaille Eric Legnini.
S’il a apprécié la performance d’Ethan Hawke, chargé par Robert Burde d’incarner Chet Baker à l’écran, le Belge déplore certaines grosses ficelles hollywoodiennes. « Ils ont beaucoup insisté sur la drogue. Chet était un junkie, il faisait beaucoup de conneries, c’est vrai. Mais c’est souvent cet aspect qui ressort quand on évoque le jazz au cinéma, avec cette atmosphère de clubs enfumés. Même si je n’ai pas connu les années 1940-1950, pour avoir croisé pas mal de musiciens, je peux dire qu’il y a souvent de l’humanité, de la profondeur et de la gentillesse chez eux. Bon, tu en as aussi certains qui sont très cons, pas généreux… »
Avec ses amis à Peillon
Deuxième arrêt sudiste pour le pianiste: le Peillon Jazz Festival, le 29 juin. Alors qu’il pourrait prétendre à un cachet bien plus copieux et une affluence plus grande, Eric Legnini s’en voudrait de manquer à l’appel pour la 4e édition de ce rendez-vous créé par Alban Leloup et parrainé par le batteur niçois André Ceccarelli, deux hommes dont il est proche. « Avec André, on a quand même joué pendant plus de quinze ans ensemble. Il m’a bien aidé quand je suis arrivé à Paris. Quand je le retrouve, j’ai l’impression de l’avoir quitté la veille. Et comme lui, j’ai l’impression d’avoir toujours eu une grande ouverture d’esprit dans la musique, quel que soit le style. »
À Peillon, avec Pierre Bertrand, Denis Leloup, Thomas Bramerie et Franck Agulhon et Diego Urcola, il fera revivre les airs de Joe Henderson, emblématique saxophoniste américain disparu en 2001.
« Je préfère ces festivals qui ont une âme, où tu partages une bonne bouteille, un bon repas, et où tu peux avoir des vrais échanges avec le public. Et le village est magnifique! »
> Ciné-concert hommage à Chet Baker vendredi 14 juin à 19h, au Pathé Gare du Sud, à Nice. Prix d’une place de cinéma.
> Peillon Jazz Festival, samedi 29 juin. 30 euros. Pass 4 jours (du 28 juin au 1er juillet) 100 euros. Rens. facebook.com/PeillonJazzFestival
Session psyché-jazz à Juan
Programmé plusieurs fois à Jazz à Juan, Eric Legnini avait apprécié le millésime 2021, quand il était venu avec Rocky Gresset et Thomas Bramerie pour son album « Six Strings Under », le même soir que Melody Gardot. Tout comme l’épisode 2014, où il avait ouvert la voie à Stanley Clarke et Chick Corea, avec Manu Katché, Richard Bona et Stefano Di Battista.
Samedi 13 juillet, il reviendra à Juan avec les frères Belmondo, Thomas Bramerie, Laurent Fickelson et Dré Pallemaerts. Au menu, « Deadjazz », une relecture de la musique de Grateful Dead. « On est tous passionnés des années 1970 et on essaye de proposer des versions élégantes, plus jazz-soul de ces morceaux avant-gardistes. »
Ce soir-là, les puristes seront aussi aux premières loges pour la prestation du « carré magique » Chris Potter, Brad Mehldau, John Patitucci et Jonathan Blake. « Je connais un peu Brad, on s’est connus à New York. Chick Corea est mort, McCoy Tyner aussi et Keith Jarrett n’est pas en grande forme. Aujourd’hui, avec Herbie Hancock, il est sans doute le plus grand », estime le spécialiste.
> À Jazz à Juan, samedi 13 juillet. De 20 à 90 euros. Rens. jazzajuan.com
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