De tous les supergroupes potentiels, on n’aurait pas forcément parié sur celui-ci. Lol Tolhurst, membre historique de The Cure, batteur puis clavier, viré en 1989. Le batteur Budgie (Peter Edward Clarke), dont l’essentiel de la carrière est associé à celle de son ex-femme, la diva new wave Siouxsie Sioux. Et enfin Jacknife Lee, producteur irlandais coté des années 2000 et musicien d’electronica. Une belle brochette de has been ?
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Et pourtant, leur association accouche du plus excitant des albums post-punk, novateur tout en respectant quelques codes sonores. Un (plus ou moins) concept album autour de Los Angeles, cité de tous les possibles et des rêves brisés, où les trois Britanniques vivent.
Aucun des trois n’est vocaliste
Les musiciens avaient annoncé leur collaboration dès 2020. Il a fallu attendre la sortie de l’exaltant single Los Angeles, en juillet, pour réaliser que l’alchimie était plus puissante qu’attendue. Le chant y était assuré par James Murphy (LCD Soundsystem), l’homme qui a remis à neuf la new wave dansante au début des années 2000.
Aucun des trois leaders du groupe n’étant vocaliste, ils ont eu recours à des camarades pour les assister. La présence de Bobby Gillespie (Primal Scream) ou même de la volcanique Arrow de Wilde (Starcrawler) ne sont pas si surprenantes. Celle du vétéran plasticien-musicien Lonnie Holley ou du jeune rappeur Pan Amsterdam pourraient l’être plus, si l’on ne se rappelait que l’impulsion initiale post-punk était d’expérimenter au-delà du radicalisme frontal du punk. Le tout, en cultivant une forme d’angoisse existentielle, jusque dans ses expressions les plus rythmiques.
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Les héritages du post-punk
Le titre avec Pan American, Travel channel, tout comme un Country of the Blind (avec Gillespie au chant) s’approchent du trip-hop, cet hybride de post-punk et de hip-hop qui a fleuri dans les années 1990. Une des forces de ce disque est bien d’explorer tous les héritages du post-punk et de les pousser un peu plus loin. Son autre atout est de ne jamais être prévisible. Ainsi, si The Edge est présent sur Train with no station, ce n’est pas avec le son si reconnaissable de ses contributions à U2.
Avec deux batteurs aux commandes, l’impulsion rythmique est essentielle à la plupart de ces morceaux, donnant l’impression générale d’un album riche en dynamiques, mais les instants plus flottants contribuent à sa densité. Le dernier morceau, Skins, de nouveau chanté par James Murphy, combine les deux avec un début ultra-percussif et un final superbement brumeux. Il clôture un des grands albums de l’année.
Lol Tolhurst, Budgie et Jacknife Lee, Los Angeles, 14 titres, 55 min.
Black Pumas, la confirmation (soul)
Ouf, on a libéré les Black Pumas, ils peuvent de nouveau sortir leurs griffes. On a eu peur de les voir prisonniers d’un disque unique, en 2019, d’une industrie qui a tiré sur l’élastique, du live, de versions différentes. Véritable révélation, le duo d’Austin, au Texas, avait fait une razzia avec leur titre Colors, obtenu sept nominations aux Grammy Awards, chanté à l’investiture du président Joe Biden. Bonne nouvelle : ils reviennent avec un second disque de haute tenue, voire d’un cran au-dessus du premier.
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Les ingrédients ne changent pourtant pas vraiment. Eric Burton au chant et Adrian Quesada, guitariste-producteur, baignent toujours dans la soul élégante des années 1970, avec une voix chaude qui monte dans le falsetto juste comme il faut, des arrangements très soignés. Soul, mais avec un penchant presque funky et jazzy et des pointes de gospel et de pop symphonique. Une ambiance cosy et vintage. Les Pumas ont placé la barre haut. Nous, on rugit de plaisir.
Black Pumas, Chronicles of a diamond, ATO records, 10 titres, 42 min.
bar italia, la confirmation (bis, rock)
Battre le fer tant qu’il est encore chaud. Six mois après Tracey Denim, leur troisième album qui les a fait connaître, le trio britannique bar italia sort déjà un nouveau disque. The Twits, enregistré en huit semaines l’hiver dernier, confirme que le groupe est l’un des plus excitants à avoir émergé ces dernières années de l’underground londonien. Après avoir fait planer le mystère (pas de photo, pas d’interview), Jezmi Tarik Fehmi, Nina Cristante et Sam Fenton ont commencé à jouer (un peu) le jeu de la promo.
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Ils restent en revanche intransigeants musicalement, avec un rock à guitares qui doit autant à la scène indie des années 1990 qu’aux atmosphères plus glaciales de la fin des années 1970. Il y a bien chez bar italia un air de déjà entendu, vite évacué par une personnalité totalement à part. Elle réside en partie dans le chant alterné entre les trois membres du groupe – énervé, rauque, désespéré, habité – qui colore parfois différemment jusqu’à l’intérieur d’une même chanson. Même si, ici, c’est le gris qui prédomine !
bar italia, The Twits, Matador/Beggars, 44 min.
Théo Ould, la découverte (classique)
Théo Ould conçoit l’expression musicale comme un art total. Esprit créatif, désir de nouveaux horizons pour son accordéon et indéniable présence scénique définissent cet artiste de 25 ans, doté d’un jeu éblouissant. Insatiable avocat des ressources sonores de son instrument fétiche, ce talentueux chambriste français signe un premier album solo à son image, avec Laterna Magica.
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Toutes les facettes de l’accordéon classique y sont dévoilées. Une Gavotte de Rameau, une Toccata et une Chaconne de Bach valident l’union entre la musique baroque et le chant de l’accordéon. Dans un duo avec le violoniste Luka Faulisi, un Menuet de Mozart est sublimé comme Chostakovitch avec la violoncelliste Lisa Strauss. Le compositeur contemporain Régis Campo explore brillamment tous les registres de l’instrument dans Laterna Magica. Et mêle accordéon, électronique et voix humaines dans l’éclatant Pagamania ! Avec Tango Tangent de Tomás Gubitsch, la musique argentine s’envole sur le clavier virtuose de Théo Ould.
Théo Ould, Lanterna Magica, Alpha Classics, 13 titres, 69 min.
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