De la Grâce-de-Dieu, un quartier populaire de Caen (Calvados), à Tokyo, l’histoire de Samir Dumortier a pris de nombreux détours. Mais, au pays du Soleil levant, Samir a réalisé le désir le plus cher de Mirsa. « Il faut croire en ses rêves », sourit le Caennais de 32 ans.
« J’avais des étoiles plein les yeux »
Du 18 au 23 octobre, il a participé au Grand Beatbox Battle 2023, la plus importante compétition de beatbox au monde. Dans la catégorie « loopstation », du nom du studio portable qu’il utilise pour accompagner ses prestations de boucles rythmiques, Mirsa (Samir en verlan) a atteint les quarts-de-finale et terminé 7ᵉ. « C’est incroyable, c’est une consécration, s’enthousiasme celui qui vit désormais à Ouistreham. On jouait dans une salle devant 3 ou 4 000 personnes, avec des lumières de fou ! J’avais vraiment des étoiles plein les yeux ».
Sur la scène du théâtre Roppongi de Tokyo, Mirsa a séduit le jury avec son set de 3’30. La « boîte à rythme humaine » venue de Caen a proposé un morceau à son image.
J’essaie de transmettre des émotions à travers un rap entraînant et des punchlines sociétales. Musicalement, j’aime les boucles ludiques, à base de hip-hop, et des tendances jazzy, drill, électro…
Fan de manga, le trentenaire a profité à fond de son expérience pour découvrir la culture nippone.
À lire aussi
Ce voyage au bout du monde a aussi été l’occasion, pour Samir, de se retourner sur le chemin parcouru depuis son enfance, bâtie sur une histoire familiale complexe. « Je n’ai jamais connu mon père, raconte-t-il. Ma mère et mon beau-père m’ont élevé avec mes quatre frères et mes trois sœurs. Pour ma mère, ce n’était pas facile, d’autant qu’elle devait s’occuper de l’un de mes frères, handicapé ».
Dans l’appartement de la Grâce-de-Dieu, la famille se pose chaque jeudi soir devant la télé, pour regarder ensemble La Nouvelle Star. Dans son canapé, Samir reste bouche bée devant Poolpo, qui fait découvrir le beatbox à la France entière, en prime-time.
J’avais 14 ou 15 ans, j’ai été ébloui. Dès le lendemain, j’essayais de faire la même chose dans ma salle de bains !
« Des profs me prenaient pour un fou »
S’il prend du plaisir à faire de la musique avec sa bouche, le jeune Samir ne plait pas à tout le monde avec cette passion dévorante, alors peu connue en dehors des cercles du hip-hop. « J’ai subi des moqueries, des profs me prenaient pour un fou parce que je faisais des bruits avec ma bouche ». Déjà en butte à l’école, il s’éloigne un peu plus du droit chemin. Une période qu’il évoque sans peine aujourd’hui. « J’ai été viré de trois collèges différents, puis j’ai fait quelques conneries », révèle-t-il sans détours. Placé un temps en famille d’accueil, il passe aussi par la case prison, durant 14 mois. « En sortant, je me suis dit qu’il fallait que j’arrête tout ça et maintenant, j’essaie de faire de la prévention ».
« Le beatbox, mon médicament »
Descendu dans le sud de la France pour travailler comme cuisinier dans des restaurants étoilés, il n’oublie pas le beatbox pour autant. Inlassablement, Samir bosse ses morceaux, seul. Jusqu’à s’inscrire à des compétitions à partir de 2017. Avec un certain succès puisqu’il a été sacré trois fois vice-champion de France. « Je suis 100% autodidacte, s’enorgueillit-il. Mais je n’aurais pas pu m’en sortir seul. Le beatbox a été mon médicament pour sortir de mes démons ». Cette rédemption porte aussi un nom, celui de Nabila, celle qui partage sa vie depuis 11 ans et qui est son épouse depuis un an.
On a traversé beaucoup d’étapes ensemble, c’est mon repère. Ma femme a cru en moi, elle m’a sauvé.
À lire aussi
Aujourd’hui encore, Nabila participe aux sacrifices consentis par Samir pour que Mirsa puisse vivre sa passion à fond. « Quand je suis en repos, je passe beaucoup de temps enfermé dans la chambre, le casque sur les oreilles », consent-il.
Un album et un spectacle en projet
Bien décidé à poursuivre son aventure artistique, Mirsa prépare actuellement un album. « Cette participation à la GBB2023 m’a donné du punch ! C’est le début de grandes choses », espère-t-il.
Parallèlement, Mirsa entend mettre, lui aussi, Caen en lumière à travers un spectacle sur sa vie. « Le hip-hop est en pleine expansion à Caen, que ce soit dans le rap, le graff, le breakdance… » Travailler avec Orelsan ? « Ce serait génial ! » Le message est lancé.
« En faisant du bien, je me sens bien »
À 32 ans, revenu dans la région de Caen, Samir veut maintenant faire le bien à son tour. Devenu aide-soignant à la clinique Saint-Martin, en service de réanimation, il s’efforce de redonner le sourire à des patients parfois en situation critique. « En faisant du bien aux gens, je me sens bien », avance celui qui a fait découvrir le beatbox à de nombreux enfants de Caen dans la « camion scratch », qui tournait dans les écoles à une certaine époque. Peut-être proposera-t-il, qui sait, une prestation de beatbox pour changer les idées de ses patients ?
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.
La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Festival Jazz » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de jazzmezencjazz.com est de débattre de Festival Jazz dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Festival Jazz », vous est volontairement proposé par jazzmezencjazz.com. Connectez-vous sur notre site internet jazzmezencjazz.com et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.