Studio, boulot, dodo. La chanteuse Sueilo, de son nom de scène et anagramme de son prénom Louise, est une pile électrique. Elle le dit, son père Antoine-Max le dit, son petit-ami Victor le dit. Et pour cause. « Je suis au studio d’enregistrement les lundis et mardis, je travaille du mercredi au dimanche matin. Le reste de mon temps, c’est-à-dire très peu, c’est pour mes projets musicaux et ma vie personnelle, dont mon déménagement », explique-t-elle autour d’un verre, avant de courir à un dîner.
En ce moment, l’artiste est sur tous les fronts. La jeune femme de 26 ans se prépare notamment pour se produire au Big Up, le festival de culture urbaine à la Cité des Arts de Saint-Denis, prévu le week-end prochain. « J’ai en parallèle plusieurs projets musicaux, dont un single, d’autres participations à des événements et puis un album », précise Louise, qui consacre d’années en années davantage de temps à sa passion.
Sans oublier l’IOMMa, le marché des musiques de l’Océan Indien, pour lequel elle a candidaté. « J’attends la réponse. Pouvoir m’y produire serait un véritable tremplin pour moi », espère Sueilo. Si elle est lauréate, elle pourra chanter en juin prochain sur la scène du festival Sakifo, organisée à Saint-Pierre. Une opportunité de taille pour gagner en visibilité et mettre un pied de plus dans la sphère musicale réunionnaise.
> Studio
Sueilo elle-même ne sait pas encore définir le registre de son répertoire. « Je ne sais pas, j’aime à la fois beaucoup le jazz, la soul et le house. On me dit parfois que je fais de l’afro soul », hésite-elle. Son père et premier fan, Antoine-Max, parle lui « de musique urbaine, d’afrobeat », considérant que sa fille avait « dès 18 ans le répertoire d’une femme de 30 ans ». C’est à lui que Louise doit une partie de sa culture musicale, acquise par les écoutes multiples et variées que son père lui proposait.
« J’apprécie fortement Erykah Badu, Amy Whinehouse ou Nina Simone. Jorja Smith, plus de ma génération, m’inspire aussi car elle mêle l’urbain au jazzy », cite en exemple la jeune artiste. « Je ferai 1001 styles si je le pouvais, on me recadre d’ailleurs souvent », sourit celle au « caractère bien trempé », refusant d’être cataloguée dans un style unique. « Je réunis un peu toutes les sonorités finalement », s’accorde Louise.
Dans ses compositions, plus de 70 qu’elle garde précieusement dans son téléphone, Sueilo dit raconter principalement l’amour. Victor, son petit-ami et musicien, lui prête volontiers des thèmes « girlpower », racontant des femmes puissantes mais pas toujours dans le droit chemin. Le couple, « Sueilo feat N’Dji », partage la même passion et n’hésitent pas à travailler ensemble. « Elle a une certaine facilité à trouver le squelette d’un morceau. Elle a l’art de faire les top lines, c’est-à-dire de trouver les mélodies en chantant du yaourt », note-t-il, ajoutant que tous les chanteurs ne sont pas aussi efficaces que sa dulcinée. Des mélodies et des paroles que la jeune femme écrit en français, en anglais et en créole. Un recours à ses langues maternelles, excepté l’anglais, qui lui rappelle ses origines.
> Boulot
Louise, qui est née à Paris, est arrivée sur l’île à ses dix ans avec ses parents. Un retour aux sources pour son père réunionnais. C’est à Trois Bassins que la chanteuse grandit, entourée de membres de sa famille. « Mon grand-père a eu six enfants et il a divisé le terrain familial que pour tous s’installent sur un bout », relate-t-elle.
Adolescente, elle souffre quelque peu du racisme qu’elle endure au collège dans les Hauts. « On était deux blanches, pas toujours bien accueillies. » Pourtant, la jeune fille parle le créole, qu’elle apprend depuis sa naissance et qu’elle utilise encore fortement avec ses amis. En parallèle de sa scolarité, Louise découvre la guitare. « Je faisais du surf, mais j’ai dû arrêter à cause de la crise requins. Mes parents m’ont proposé d’aller dans l’école de musique de mon oncle pour tester et j’ai aimé », raconte-t-elle, excluant le solfège de son appétence musicale.
Après le bac, ne sachant pas trop vers quoi se diriger, Louise intègre le milieu du travail, alternant entre des postes dans la restauration et la vente. A 21 ans, musicalement repérée grâce à des petits concerts, elle s’inscrit à l’Ecole de musique actuelle (EMA) à Saint-Leu. Une formation dont elle suivra un an sur trois, faute de moyens. « Je suis plutôt autodidacte et je fais tout à l’oreille », considère-t-elle aujourd’hui, remerciant néanmoins l’EMA pour le réseau qu’elle a pu s’y construire.
Après trois ans comme vendeuse dans un magasin de tennis, l’artiste a aujourd’hui décidé de raccrocher pour se dévouer à la musique. « En juin, je quitte mon poste », affirme-t-elle. Et c’est bien sur l’île qu’elle souhaite se développer musicalement, bien que « Paris soit sûrement plus facile pour évoluer ». Avant d’envisager de s’y rendre, Sueilo veut finir ce qu’elle a commencé à faire ici. Une persévérance que son père lui reconnaît. « C’est une battante, une fonceuse qui ne lâche rien », confie Antoine-Max.
L’avenir devant elle, son univers se dessinant, Sueilo ne se veut pas superstar pour autant. « Je veux juste faire profiter mes proches, les rendre fiers en restant généreuse dans ce que je fais », assoit-elle. Après studio, boulot, dodo, bientôt studio, brio, dodo ?
Léa Delaplace
Prochaines dates :
Big Up festival le 10 mars à la Cité des Arts de Saint-Denis
Les nénettes du vin, café-concert, le 18 avril
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