Bien qu’il fût autrichien d’origine, Otto Preminger préférait sans doute le jazz à Mozart, comme le démontre son grand film de procès, Autopsie d’un meurtre (1959), orchestré par le génial Duke Ellington. Idem avec l’inoubliable et tonitruante partition jazzy d’Elmer Bernstein pour l’Homme au bras d’or (1955), qui vient de ressortir en DVD/Blu-ray.
Mais ce film noir ne traite pas vraiment de jazz, et son titre ne se réfère pas à la virtuosité musicale du héros, même s’il rêve et tente de devenir batteur dans un orchestre pour fuir le tripot clandestin où il est croupier, et pour sortir du cercle vicieux de la drogue dont il est esclave.
Cette addiction (à l’héroïne en l’occurence, quoique jamais nommée) est d’ailleurs le sujet central de cette œuvre pittoresque située quelque part dans les faubourgs de Chicago (manifestement reconstitués en studio).
Un sujet osé pour les années 1950, tiré d’un roman à succès de Nelson Algren (plus connu pour avoir été un temps l’amant de Simone de Beauvoir) et recompensé du National Book Award.
Surnommé « l’homme au bras d’or » pour sa virtuosité aux jeux de cartes, le héros au nom génial, Frankie Machine, est incarné avec grâce par Frank Sinatra. En sus de sa passion fatale pour la drogue, il est tiraillé entre deux femmes : Zosh (Eleanor Parker), son épouse acariâtre, qu’il est censé avoir rendue infirme lors d’un accident d’auto, et sa voisine, la lumineuse Molly, une entraîneuse (Kim Novak).
Une oeuvre novatrice sur les ravages de la drogue
Le long métrage accumule les personnages gouailleurs et populos, qui gravitent autour d’un bar de quartier, mais ce n’est pas son aspect le plus marquant. Le clou du récit est un coup de théâtre qui change brusquement la donne et prélude à un désordre qui ira crescendo jusqu’au drame final. Cette accélération, véritable maelström dans lequel est plongé Frankie à son corps défendant, distingue ce film du lot, bien que ce ne soit pas le chef-d’œuvre de Preminger.
L’autre réussite de Preminger ici, c’est la folle intensité avec laquelle il dépeint l’addiction et ses effets dévastateurs (prétexte à un beau numéro d’acteur de Sinatra, qui sera nominé aux Oscars). Il y avait déjà eu de nombreux films sur l’alcoolisme, mais on ne s’était pas encore intéressé à l’héroïne et à ses ravages.
Cette œuvre novatrice sera suivie quelques années plus tard par la plus underground, plus jazzy, mais aussi plus abstraite, The Connection (1961), de Shirley Clarke, sur un thème proche.
Quant au roman de Nelson Algren, on peut dire qu’il annonçait les écrits de la Beat Generation sur le même thème, comme Junkie ou le Festin nu, de William Burroughs. Ou des chansons du Velvet Underground telles que Waiting for the man ou Heroin.
Sans avoir été le compagnon de route de Kerouac & Co, Algren est donc bien un écrivain précurseur de cette génération, qui fait aussi figure de chaînon manquant avec la précédente des hobos et trimardeurs, célébrée par Jack London. Qui croirait qu’un réalisateur autrichien de 50 ans, un vieux routier de Hollywood, eût initié un courant fécond de la contre-culture américaine des sixties ?
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