Remis en lumière par la comédie musicale de Léos Carax ,qu’ils ont coécrite et composée, “Annette”, et un film documentaire d’Edgar Wright, le duo californien Sparks est de retour dans les bacs ce vendredi avec un superbe nouvel album « The girl is crying in her latte », et une tournée qui commence par Paloma, à Nîmes, le dimanche 4 juin.
L’effet cannois ne profite pas qu’aux films, les Sparks en sont la preuve vivante, et réjouissante ! Depuis la présentation à Cannes d’Annette de Léos Carax, géniale comédie musicale qu’ils ont coécrite et composée (mais aussi depuis le documentaire The Sparks brothers d’Edgar Wright), le duo fraternel Sparks connaît un regain de notoriété sans précédent !
L’excentricité au service de la pop
Ce qui, chez certains, aurait entraîné un léger détachement, voire une pesante fatuité, se traduit chez Ron et Russel Mael par un surcroît d’inspiration. Cela dit, on ne devrait pas être surpris : cela fait plus d’un demi-siècle que les frangins angelinos, ne carburent qu’à ça : l’extravagance, le baroque, la dinguerie, l’anticonformisme, l’érudition ou l’humour certes, mais toujours, toujours, au service d’une créativité qu’on qualifiera d’éclecto-pop… et géniale !
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Or donc fondé en Californie en 1968, le groupe Sparks (étincelles) se relocalise-t-il à Londres quand, à la faveur d’une tournée en première partie de T-Rex, il découvre que sa musique trouve un écho plus favorable auprès des Anglais. Leur mixture inédite, et improbable, de pop baroque, opérette, proto-hard rock, cabaret et humour cultivé s’accorde avec le glam rock alors en vogue, et plus largement avec l’excentricité britannique. Leur premier album chez Island, Kimono my house en 1974 rencontre un énorme succès, porté notamment par le simple This town ain’t big enough for both of us dont l’influence sur Queen est évidente.
Deux frères en réinvention permanente
Seuls membres permanents d’un groupe en réinvention, Ron (le mutique à la moustache à la Chaplin) et Russel (l’élégant à la voix de fausset) glisseront ensuite vers le rétro jazzy puis, avec plus de réussite, vers le disco à la munichoise chère à Georgio Moroder. Ils tapent alors dans l’œil de la France qui fait un triomphe à Terminal jive en 1980 et ses suites (quoique dans une moindre mesure). Le dernier pic de l’idylle hexagonale est leur duo resté fameux avec Rita Mitsouko : Singing in the shower en 1989.
Coup de bol, le public britannique renoue avec les duettistes dans les années 90, reconnaissant en eux des précurseurs de la pop synthétique qu’il a adoré dans la décennie précédente, Pet Shop Boys, Soft Cell et autres Yazoo. Si bien que les frangins peuvent se lancer dans l’un de leurs projets les plus zinzins (avec le coup de main à la production de Tony Visconti, qui n’a pas seulement bossé avec David Bowie !) : l’enregistrement Plagiarism, en 1997, voit un orchestre symphonique londonien jouer leurs plus fameux succès avec le renfort de chanteurs lyriques, mais aussi de Jimmy Sommerville et le groupe Faith No More (tenez, voilà un autre descendant direct des Sparks)…
Une gloire qui vient sur le tard
Enfin, bref, s’ils ont connu des revers de fortune, des éclipses de notoriété et des errements artistiques (on n’est pas sûr d’apprécier toutes leurs incarnations !), Ron et Russel Mae n’ont jamais cessé de remettre leur pitre en jeu, si l’on ose dire. Jusqu’à leur gloire mondiale tardive avec la comédie musicale Annette réalisée par Léos Carax, primée au festival de Cannes et multi-césarisée.
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Co-auteurs et compositeurs, ils avaient déjà tenté le coup du grand écran avec Jacques Tati puis avec Tim Burton, sans parvenir à mener ses aventures excitantes à leur terme. Cette fois-ci, ce fut la bonne, et un chouette film documentaire réalisé par un des cinéastes les plus cotés de Grande-Bretagne, Edgar Wright (Shaun of the dead, Baby driver, Last night in Soho), a encore consolidé leur position.
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S’agit de se montrer à la hauteur de son nouveau statut… L’avantage d’avoir intégré la surprise et l’expérience depuis toujours dans sa formule c’est qu’on répond à l’attente en faisant ce qu’on veut !
Un nouvel album épatant
Dans les bacs ce vendredi 26 mai, The girl is crying in her latte ne se la raconte pas cinématographique, mais propose un copieux festin de chansons eclecto-pop. Derrière l’impeccable morceau-titre, cyber-post-punk disons, s’alignent (avec plein de têtes qui dépassent, d’ailleurs plus que de titres !) treize plages, et aucun de tout repos. Avec sommet en cinquième position, excentré donc, excentrique (forcé), The Mona Lisa’s packing, leaving late tonight, qui aglomère toutes les tendances sparksiennes en trois minutes trente-trois !
Après quelques morceaux typiques des Sparks à leur plus tubesque, le duo repart à l’assaut d’horizons bizarroïdes avec Love Story, un genre de truc à Alan Vega, et deux pop songs sans âge, mais pas sans âme : elles débordent d’émotion, mais de la vraie, qui mousse, qui faux colle la moustache, qui enivre l’oreille, qui hydrate le bord de l’œil. L’émotion est à son comble, et la joie aussi que Ron et Russel Mae aient choisi de débuter leur tournée française par un concert dominical à Paloma. Maintenant on peut oublier Cannes, le 4 juin, c’est à Nîmes que ça se passe !
Un ouvrage pour faire le tour du proprio
Après donc une comédie musicale applaudie dans le monde entier et un film documentaire qui mériterait de connaître le même destin, les Sparks font l’objet d’un beau livre dans la collection musicale des éditions du Layeur (qui abrite des opus de référence sur Bob Dylan, Les Beatles, Neil Young et Lou Reed signés du Montpelliérain Stan Cuesta). En 220 pages richement illustrées, Thierry Dauge fait le tour complet du proprio, des débuts de galère en Californie jusqu’au triomphe cannois en passant par les grands moments londoniens. Un épluchage complet de la discograhie du groupe émaillé de propos des principaux (gentils) coupables Ron et Russel Mae. Un must pour les fans, comme disent les latinistes !
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