Inviter à la découverte d’œuvres ou d’interprètes en les programmant dans des sites chargés d’histoire, tel est l’objectif des Musicales de Normandie dont la 18e édition a lieu jusqu’au 31 août. Ce fut le cas du récital donné, dimanche 20 août, par la pianiste Marie Vermeulin dans les ruines de l’abbaye de Jumièges (Seine-Maritime). Difficile d’imaginer cadre plus romantique – des vieilles pierres éclairées par un soleil couchant, une architecture marquée par l’esprit d’élévation – que celui de cette église bénédictine dans laquelle la soliste proposait de revisiter le passé sous un angle exclusivement féminin.
Confiant au public son espoir d’être « inspirée » par un « si bel écrin », Marie Vermeulin précise d’emblée que des trois compositrices figurant à son programme, la première, Virginie Morel (1799-1869), lui était encore totalement inconnue il y a peu, mais que ses Huit études mélodiques ont suscité un « coup de cœur ». Une partition de 1857 au titre aussi curieux que son contenu. Des « études », au sens technique du terme ? Certes, mais brièvement, comme par obligation, au détour de pages très chantantes (d’où le paradoxal recours à l’épithète « mélodique » pour désigner des exercices de virtuosité) dans lesquelles le caractère rêveur semble le mieux à même de révéler l’expression propre à la compositrice.
S’étant montrée à la hauteur de ses modèles (Chopin, assez souvent, plutôt pour ses Ballades que pour ses Etudes), l’ancienne autodidacte paraît s’évader du monde des convenances pianistiques et se contenter de « jouer à soi », de plonger en elle. La retenue est alors sa qualité principale, comme le prouve sa pièce la plus séduisante, La Berceuse, quatrième du lot.
Exécution ensorcelante
Bien que sensible aux enjeux stylistiques de Virginie Morel, Marie Vermeulin restitue l’ensemble avec moins de conviction que le morceau suivant, la spectaculaire Sonate de Charlotte Sohy (1887-1955), que la pianiste a reçue directement des mains du petit-fils de la compositrice. Là, on n’a plus l’impression d’une musique d’« époque », comme avec les Huit études mélodiques. Si quelques références (Ravel, Debussy) filtrent parfois, dans un premier mouvement où les dissonances sont légion, ce triptyque achevé en 1910 étonne tant par sa rigueur d’écriture que par sa liberté esthétique. On jurerait entendre, dans le mouvement central, des accents « jazzy » propres aux années 1920 et le final, à la rythmique ambiguë, pourrait appartenir au catalogue d’un Darius Milhaud (1892-1974).
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