Derrière cette ballade poignante (certains diront tire-larmes) devenue virale, il y a un grand gaillard australien, mèches bouclées tombant sur ses yeux clairs, sourire bonnard. Qui l’a écrite pour son père, atteint d’un cancer – et pour tous ceux qui ont perdu un être cher. A 35 ans, Dean Lewis a été sacré, sans forcément le chercher, chantre du déchirement. Ses refrains pop et sensibles enflamment Spotify (7 milliards de streams) comme les salles, où la Gen Z se masse autant pour la musique que l’exutoire – les vidéos de jeunes filles en pleurs au premier rang ne mentent pas. Avant son passage ce dimanche au Montreux Jazz Lab, où on sortira très certainement les mouchoirs, rencontre au bout de l’écran.
Il promène son téléphone d’une main dans ce qui ressemble à une chambre d’hôtel, résolument à l’aise, et s’assoit en tailleur par terre. Débit express et voix qui porte (on est loin du velouté de son répertoire), Dean Lewis raconte comment son père, passionné de musique, lui fait écouter Oasis à l’adolescence. Il n’en faut pas plus pour que les frères Gallagher, incarnations du cool, l’obsèdent et qu’il dévore toutes les vidéos du groupe sur YouTube. «J’ai appris à composer en les observant, en écoutant leurs mélodies, dont j’aimais la simplicité. Je me disais: s’ils peuvent écrire 100 morceaux incroyables, avec des accords très similaires, je peux au moins en écrire un. C’est drôle, parce que ma musique ne pourrait pas être plus différente de la leur. Mais elle m’a ouvert une porte.»
Le cœur et les tripes
Dans sa banlieue de Sidney, Dean Lewis apprend à dompter sa voix et teste ses premiers morceaux dans l’arène impitoyable des scènes ouvertes. Un soir, après avoir vu défiler les autres dans le brouhaha général, il se lance. Bientôt, toute l’assemblée se tait et même la barmaid se retourne pour regarder. Trente secondes suspendues. «Je me suis dit que j’avais peut-être réussi quelque chose.»
Il identifie très vite la clé du silence: l’émotion, la vraie, les tripes qu’on pose sur la table et le cœur qu’on dissèque. L’authenticité d’un morceau qui raconte sa propre réalité. «Les gens sentent quand c’est vrai ou non. Ça doit être sincère: c’est ce qui fait qu’ils connectent avec ta musique.» Depuis, Dean Lewis, signé par son premier label à 26 ans, n’a cessé de livrer au monde ses tourments, emballés dans des nappes acoustiques et entêtantes.
Comme dans Waves, guitare chagrine et deuil d’une jeunesse qui s’efface. Boosté par son apparition dans la BO de l’ultra-populaire série Riverdale, en 2016, le titre explose. Parfaits pour souligner les sentiments à l’écran, d’autres titres de Dean Lewis ont habillé des épisodes de Suits ou Grey’s Anatomy.
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A la Springsteen
Sans doute parce qu’aux rimes métaphoriques l’Australien préfère le tranchant du réel. Son plus gros tube, Be Alright, décrit le moment où un ami lui retire son téléphone pour qu’il ne contacte plus l’ex qui l’a trompé. Des situations qu’on visualise immédiatement, à la fois rassurantes et frontales, comme sous la plume de Bruce Springsteen, un autre de ses maîtres. «Dans Dancing in the Dark, Bruce raconte qu’il marche dans son appartement, se regarde dans le miroir et n’aime pas ses vêtements, ses cheveux, sa tête. J’ai l’impression d’être là avec lui! Certains disent qu’un bon auteur-compositeur sait dire «je t’aime» sans jamais le prononcer. Mais moi, j’ai envie de le chanter!»
Rien de moins simple dans une société où la vulnérabilité est encore genrée – au point que Dean Lewis a hésité à sortir Half a Man, composée sur le sol de sa salle de bains, ruisselante de doutes existentiels («Comment je suis censé t’aimer alors que je ne sais pas qui je suis?»). «J’avais peur que mes amis se moquent. Est-ce que je peux dire tout ça, est-ce que c’est bizarre?» Plutôt salvateur. Echos à d’autres vertiges, ses mots deviendront finalement mantras pour les uns, tatouages pour les autres. Le ralliement des écorchés.
Alors Dean Lewis ne lâche pas son spleen – il lui va si bien. Sa collaboration avec Kygo, bien qu’infusée des beats léchés du jeune DJ, transpire le désespoir amoureux, et son nouveau single dévoilé ce vendredi, In a Perfect World, raconte la manière dont on fuit avant que le bonheur puisse nous atteindre, explique-t-il. «Je sais déjà qu’on va tous pleurer», se réjouit une fan sur Instagram. Dean Lewis n’aurait pas dit mieux.
Dean Lewis en concert au Montreux Jazz Festival, le dimanche 2 juillet.
Butiner l’offre du Off
Malgré la météo orageuse, la 57e édition du Montreux Jazz Festival s’ouvre ce vendredi. Et si vous n’avez pas votre billet, vous pourrez tout de même glaner, ces deux prochaines semaines, des moments électriques et gratuits au Off – qui rassemble cette année 11 scènes et quelque 400 rendez-vous.
Côté concerts, on ne manquera pas, au Lizstomania, la mélancolie de The Doug (di 2), le rappeur Favé (ma 4), la sensation pop valaisanne Nuit Incolore (me 5) ou encore l’ovni hypnotique Aimé Simone (je 6). Pour d’autres jeunes artistes à suivre, direction la Terrasse Ibis Music, qui accueillera la pop de la Québécoise Charlotte Cardin (ce vendredi), la révélation belge de The Voice Mentissa (di 2) mais aussi la douceur électro de Miel de Montagne (ma 4). Sur les autres scènes, il y en aura pour tous les goûts entre la très populaire Super Bock Stage (le parc Vernex en mode Biergarten), l’Ipanema pour du clubbing pieds dans l’eau ou encore l’El Mundo, généreuse en rythmes latins.
Repensée l’an dernier, la Lake House multipliera de nouveau les activités: jams jazzy au Memphis, DJ sets à La Coupole tandis que la Bibliothèque et le Cinéma proposeront projections de films et sessions d’écoute de vinyles. Idéales pour les soirées humides…
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