La chanteuse et fondatrice du groupe Saf Feh se livre dans une interview intime en préambule du plateau de samedi avec Bibi Tanga (lire ci-dessous) au Sonambule, à Gignac.
Vous chantez en français et en arabe. Comment choisissez-vous la langue dans laquelle vous écrivez ?
Cela s’impose à moi. Je chante tout le temps à la maison, j’improvise, les phrases arrivent naturellement. Mais cela dépend peut-être des sujets. Les choses plus profondes, intimes, je vais en parler en arabe. Mais je suis aujourd’hui peut-être prête à le dévoiler au plus grand nombre en Français. Ensuite, j’utilise la darija algérienne, la langue de la rue parce que je ne connais pas l’arabe littéraire.
Votre groupe Sah Feh sera sur scène samedi à Gignac. Saf Feh signifie “ça suffit”. De quoi en avez-vous assez ?
Cela suffit de se mentir. Je vis vraiment entre deux rives, entre ce que l’on cache aux autres pour jouer le jeu de la société et la vérité. On est parfois déchiré entre une certaine pluralité. J’ai beaucoup souffert de crises d’angoisse, c’est un sujet assez tabou. J’en parle énormément dans le set et c’était tout le sujet de l’EP, Rassy Dor, que j’ai sorti en 2022. Je suis entre deux cultures, la France et l’Algérie. J’ai grandi dans le monde arabe et il fallait sortir de chez moi et être une autre personne. J’ai beaucoup caché ces deux personnes que j’étais à la fois. C’est plutôt un « ça suffit » de ne pas oser.
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Vous avez parcouru tout un chemin musical avant de monter Sah Feh…
Oui cela a été tout un cheminement. J’ai commencé à Toulouse, en tant que chanteuse, avec mon beau-frère Juan Alonso. Je reprenais des standards d’Amy Winehouse, Stevie Wonder, Nina Simone… Je viens de la soul et il y a une dimension soul dans ma voix. Je suis arrivée à Sète en 2014. J’ai rencontré Coralie Arguel et je me suis intéressée à l’écriture en langue française. Le duo, sur le thème des tabous sexuels, s’appelait Les Blues Vulvettes, c’était assez clownesque, théâtralisé. En parallèle, j’écrivais mes chansons, je commençais à jouer toute seule dans la rue à Sète. Puis, j’ai rencontré des musiciens beaucoup de musiciens qui m’ont accompagnée comme Ludovic Giffard, percussionniste de Neil Conti…
Et comment est arrivé Saf Feh ?
J’ai ensuite rencontré Andy Cancre le guitariste de Sah Feh, Émilien Gindrat et Guilhem Vienot, (respectivement batteur et bassiste) sur Montpellier… ce sont tous des artistes géniaux aujourd’hui partis de Sah Feh. On a travaillé à quatre pendant deux ans et aujourd’hui on accueille un cinquième élément, Émilien De Bortoli au saxophone et synthé, cela donne une nouvelle dimension, une plénitude à notre musique.
Vous êtes en résidence au Théâtre d’Ô à Montpellier, samedi, ce sera la soirée au Sonambule. Qu’allez-vous transmettre au public ?
J’ai envie de les prendre dans mes bras. C’est exactement ce que je recherche moi, quand j’écoute de la musique. Je cherche toujours des réponses pour ne pas me sentir seule et j’ai envie de prendre les gens dans mes bras, c’est clair. Je suis très heureuse que nous fassions la première partie de Bibi Tanga (Lire plus bas et voir le clip ci-dessous). Je remercie le 34 Tours, le Sonambule et Lux Noctis, notre boîte de prod pour leur soutien.
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Travaillez-vous sur de nouveaux enregistrements même si Rassy Dor est assez récent ?
Effectivement, Rassy Dor, date de l’année dernière, cela signifie “J’ai la tête qui tourne”, c’est un des symptômes qui me faisaient chavirer entre les deux rives. Quant à 2024, je ne peux encore en parler mais, c’est sûr, il y a plein de belles surprises qui arrivent.
Un dernier mot sur vos influences…
Au niveau vocal sont surtout des chanteuses qui me touchent comme Susheela Raman, Fatoumata Diawara, Hindi zahra, la douceur vocale de Pauline Croze ou de Lauryn Hill. Quand aux thèmes, l’auteure Assia Djebar est une des plus influentes et célèbres du Maghreb qui traite du sujet de vivre entre deux rives…
Une paire d’as au Sonambule
Funk mâtiné de grooves afro et de cordes vintages ou world music dopée d’une voix soul et de vibes orientales made in l’île Singulière ?
Ce samedi, au Sonambule, on fait ceinture et bretelles avec Bibi Tanga and the Selenites, que l’on ne présente plus, et les singuliers Sah Feh, guidés sur scène par la sincère Sabrina Kerfah, qui ouvriront la soirée dans le cadre du 34 Tour (lire ci-dessus).
À Gignac, Bibi Tanga défendra son quatrième album concocté “en famille”, “The same tree” gorgé de toutes les influences du quintet et des arrangements d’Arthur Simonini, violoniste du combo qui compose « aussi beaucoup pour le cinéma. Au sein du groupe, tout le monde apporte sa patte ». Cordes version Curtis Mayfields, harmonies savantes, touches jazzy, sons expérimentaux, gimmicks de gratte funkys sans oublier l’influence africaine distillée par Bibi Tanga né à Bangi, capitale de la République centrafricaine où le chanteur-bassiste français retourne fréquemment nourrir des racines héliotropiques. Le leader d’ailleurs est aussi attiré par les lumières d’”Un si grand soleil”, série télé dans laquelle il incarne le rôle du médecin légiste, Hugo Touré… «Sur scène le set est hyperdansant », promet Arthur Simonini. Côté messages, Bibi Tanga chante en anglais et en sangho, principale langue parlée en République centrafricaine. « Les thèmes sont universalistes comme le bien vivre ensemble… Ce que l’on souhaite combiner ce sont des textes conscients, qui font réfléchir, alliés à de la musique festive ».
Un alliage savoureux à savourer samedi soir au Sonambule.
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