Hommage au monstre de la guitare blues B.B. King, né le 16 septembre 1925. Lorsque nous l’avions rencontré, l’âge ne semblait pas avoir de prise sur celui qui continuait d’emmener sa Lucille aux quatre coins du monde
« Vous savez, ces rumeurs sur ma retraite sont très exagérées« , lance d’emblée B.B. King. « Je n’ai aucunement l’intention d’arrêter. Pourquoi ? Parce que si je ne joue pas, je m’ennuie.” Le ton est donné : “Le blues n’a jamais été aussi vivant et vous voulez que j’arrête ? Je pense que c’est venu de cette rumeur lancée par mon tourneur pour faire vendre des places, lors de ma dernière tournée européenne.” Il prend une mine consternée : “Je ne partage pas ces méthodes, je suis un travailleur, pas un faiseur !”
À bientôt 85 ans, B.B. King continue de passer sa vie sur la route, comme il l’a toujours fait, d’abord dans ce vieux bus rouge, Big Red, qu’il avait acheté la fin des années 40 : “On ne voulait pas dépendre de tourneurs et d’agents qui abusaient de notre confiance ; moi, j’ouvrais la route au volant de ma Cadillac. C’était avant d’avoir mon propre chauffeur, ça en jetait, on avait l’air crédible, ça faisait pro quand on débarquait quelque part !”
De nos jours, évidemment, c’est de palace en palace et dans un tour-bus climatisé qu’il enchaîne les tournées. Authentique légende vivante, Riley B. King manie l’humour avec la même aisance qu’il enquille les chorus sur son inséparable Lucille, distribuant, partout où il passe, médiators et médailles à qui veut, signant sans relâche les guitares, cartons et tickets de concert qu’on lui présente : “Ça fait partie du boulot. C’est un honneur pour moi de ne jamais manquer à ce devoir.” S’il a consenti à lever le pied, rompant ainsi avec son rythme de 300 à 350 concerts par an, il n’en continue pas moins de donner une demi-douzaine de shows par mois aux Etats-Unis comme dans le reste du monde.
Toujours tiré à quatre épingles – costard-cravate à l’ancienne, le King ne ménage pas ses effets : “C’est Bukka White qui m’a dit un jour de m’habiller comme si je devais retirer un gros paquet de pognon à la banque. Ce n’est pas parce qu’on joue du blues qu’on doit s’habiller n’importe comment !”
Ce n’est pas parce qu’on joue du blues qu’on doit s’habiller n’importe comment !
Évidemment, il a désormais plus l’air d’être le propriétaire de la banque avec ses bagues de diamants et ses pompes impeccablement cirées. Il sait aussi qu’il est le dernier des géants, le gardien d’une lignée de bluesmen ayant fait leurs classes dans le delta en chantant le soir après avoir ramassé le coton sous un soleil écrasant ou affronté les gelées matinales hivernales dans les années vingt, à l’instar de Muddy Waters, John Lee Hooker, Howlin’ Wolf, ses contemporains aujourd’hui disparus. Mais chaque jour B.B. King remet son ouvrage sur le métier (“Tant que Dieu me donne la force, je jouerai.”)
S’il est le héros d’un nombre incalculable de guitaristes, B.B. King a aussi son Panthéon personnel : “Vous savez, j’ai même eu l’honneur d’être classé il y a deux ans parmi les cinq meilleurs guitaristes du monde par votre magazine ! Alors qu’il y a des guitaristes bien meilleurs que moi, je pense à Eric Clapton, qui est mon musicien préféré et avec lequel j’ai enregistré un album. Mais, à mon sens, on a un guitariste préféré par jour ! Regardez toute cette jeune génération de Blancs qui continuent de propager l’héritage de notre musique : John Mayer, Derek Trucks, Joe Bonamassa… Non seulement ils sont très, très bons, mais, en plus, ils savent dire des choses avec leur guitare. J’aimais aussi beaucoup Stevie Ray Vaughan, disparu beaucoup trop tôt. C’était l’un de mes préférés, il a réinventé un style, un son bien à lui. Et je reste aussi très fidèle à notre grand-père à tous, Andres Segovia. Sans lui, la guitare n’aurait jamais été aussi populaire !”
Celui qui a eu son premier titre classé numéro un en 1952 ne rechigne jamais à évoquer les temps héroïques de ses débuts : “À cette époque, la ségrégation était très forte dans les États du Sud. Une fois franchie la ligne Mason-Dixon, on se sentait presque libres. C’est pour cela qu’on est tous allés vers le nord en remontant le long de la Route 61, pour tenter de faire fortune dans des villes où l’on ne regardait pas trop la couleur de peau des gens. Certains partaient vers la Californie, sans savoir exactement ce à quoi ça correspondait. Il n’y avait pas grand chose à l’Ouest pensait-on, des chercheurs d’or peut-être.”
Les années 50, l’American Way of Life, les charts avec ses “race records”, toute une époque… “En ce temps, on nous appelait encore des chanteurs de rhythm’n’blues. Lorsque le rock est devenu populaire, on a perdu le “rhythm” et depuis on appelle notre genre musical le blues (rires) ! Vous savez, je ne suis pas vraiment un chanteur ou un guitariste de blues, j’essaie avant tout d’être un bon entertainer. C’est ça qui me fait tenir et c’est aussi pour cela que je ne lâcherai jamais la scène.”
Belkacem Bahlouli
La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Festival Jazz » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de jazzmezencjazz.com est de débattre de Festival Jazz dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Festival Jazz », vous est volontairement proposé par jazzmezencjazz.com. Connectez-vous sur notre site internet jazzmezencjazz.com et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.