Ce mardi 25 juillet, le maitre du tropicalisme, Gilberto Gil, a donné l’un des concerts les plus chauds du festival Marseille Jazz des Cinq Continents devant un public conquis qui a chanté pendant plus de deux heures, embrasant le Palais Longchamp.

Le festival Marseille Jazz des Cinq Continents fut l’occasion de faire une plongée dans plus de 60 ans de sa musique brésilienne. Gilberto Gil était notamment accompagné de ses enfants et petits-enfants et de ses musiciens les plus proches qu’il nomme lui-même –« ma famille musicale » !

La soirée avait déjà bien commencé avec une belle introduction de son directeur, Hughes Kieffer, sur l’engagement écologique de son festival avec l’un de ses dispositifs pour lutter contre la pollution des mégots de cigarettes qui seront recyclés pour fabriquer du mobilier ! Une lutte très utile dans le cadre du festival Marseille Jazz des Cinq Continents, qui a lieu dans un havre de nature au centre même de la ville.

Et pour ouvrir en musique, il a choisi l’une des grandes voix du jazz, Samara Joy, star du label Verve, qui vient tout juste de remporter deux Grammy awards. Dès les premières minutes, Samara, du haut de ses 23 ans, va envoûter de sa voix le public avec l’aide de son puissant trio composé de Luther Allison au piano, Mikey Migliore à la contrebasse et Evan Sherman à la batterie.

Elle qui n’a jamais de liste de chansons préétablie, se laissant ainsi le choix de choisir ses titres selon l’humeur du moment, va enchaîner avec brio des standards du jazz : Stardust composé par Hoagy Carmichael et Mitchell Parish, et un bel hommage à Monk avec une remarquable version de Worry Later et puis comme une offrande à un public conquis, Lately du grand Stevie Wonder et Guess Who I Saw Today, une de ses compositions extraite de son dernier album Linger Awhile.

Ce soir-là, Samara, sous les étoiles marseillaises, a propulsé son public dans une autre galaxie avec cette voix délicate, puissante et maitrisée, surfant sur les moindres notes de son trio nous laissant jusqu’au « clap de fin » totalement sous le charme.

Après cette leçon de jazz, c’est au tour de Gilberto Gil venu nous conter ses 60 années de vie au service de la musique, de l’écologie et de son engagement politique et social. Généreux serait le terme plus approprié pour résumer ce concert.

Tout d’abord Gilberto a pris du temps sur scène pour raconter l’histoire de sa famille en présentant un à un ses enfants et petits-enfants et sa famille de musiciens.

Généreux aussi car il va s’adresser à son public à la fois en français, nous mettant en totale harmonie avec ses histoires, et en portugais pour la diaspora brésilienne très nombreuse ce soir-là.

Généreux car il va égrainer tous ses tubes laissant une large place aux chants collectifs venus de la foule jusqu’à l’hystérie collective quand il entame les premières notes de Toda Menina Baiana sa chanson la plus populaire !

Généreux aussi quand il nous raconte en français l’histoire de la chanson Touche pas à mon Pote, qu’il composera après avoir été invité à se produire lors d’un concert pour SOS Racisme. Il l’enregistrera en 1985 dans son album Dia Dorim Noite Neon.

Généreux et touchant quand il invite sa petite-fille Flor Gill à venir interpreter avec lui Time Will Tell une reprise de Bob Marley.

Généreux car il va nous offrir une bonne partie de ses chansons emblématiques comme Soy Loco por Ti America reprises mot après mot par les Brésiliens en nombre.
Généreux avec ses deux heures de concert pendant lesquelles le chant était dans toute les bouches et la danse dans les corps des petits et des grands.
Généreux est bien le mot qui résume le concert de Gilberto, cet amoureux du monde et de ses terriens nous a une nouvelle fois prouvé qu’il ne mentait jamais !

Marc Maret

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