> El Señor Garcia !
Accompagné de l’une de ces rythmiques que l’on dit l’une des « plus créatives et actives de la scène jazzy», voila donc annoncé cette semaine le pianiste ibérique Daniel Garcia Diego et les musiciens cubains Reinier Elizarde « El Negrón » à la contrebasse et Michael Olivera à la batterie pour compléter la magie de son doigté. Le pianiste, natif de Salamanque, fils du célèbre batteur Paco García, plonge dans les racines musicales de sa terre natale et en combine toutes les influences dans la langue d’un trio de jazz contemporain. Résultat? Une musique « expressive, lyrique et exigeante », tel est son défi, où sont habilement mêlés subtilité mélodique et intensité rythmique : «Quand nous jouons, nous écoutons en temps réel la musique que nous produisons, en communiquant et en réagissant constamment, comme si nous étions entrain de sculpter une oeuvre musicale en live avec le public pour participer » déclare l’artiste tombé dans le bouillon des musiques aussi diverses que variées dès son plus jeune âge, caractéristique de tous les invités d’Opus Pocus, surtout s’ils sont « bien-nés » dans des clans de musiciens. Diplômé du Conservatorio Superior de Música de Castilla y León, Daniel Garcia a décroché une bourse pour étudier au Berklee College of Music de Boston où il a reçu, notamment, pendant deux ans l’enseignement du pianiste de jazz panaméen, Danilo Pérez. Dans la foulée, il décrochait là-bas, en 2011, le Prix de la Meilleure Performance de Jazz, en se produisant, en particulier, avec Arturo Sandoval, Jorge Drexler et Greg Osby. De retour en Espagne, il est devenu l’un des musiciens les plus demandés travaillant avec Jorge Pardo, Antonio Lizana, Becca Stevens, Javier Colina, Antonio Serrano… pour mieux entamer, en parallèle, une carrière discographique avec des albums comme « Alba » en 2014, suivi de « Samsara » en 2018, puis de « Travesuras » en 2019, tous étiquetant ce Garcia-là « musicien des plus originaux et inspirés de la péninsule ibérique ». Le dernier opus de ce trio qu’Opus Pcus a eu la riche idée d’inviter, « Vía de la Plata », enregistré sur le label allemand ACT, compte la participation d’invités prestigieux comme Ibrahim Maalouf, Anat Cohen ou Gerardo Núñez, excusez du peu… A noter encore que cette formation madrilène fréquente les meilleures scènes européennes, Philharmonies de Berlin et de Hamburg, NDR Jazz Concerts, Radio Nationale de Cologne, Porgy & Bess de Vienne, Unterfhart de Munich, Düsseldorf Jazz Festival, Piano Festival Katovice, Bimhuis Amsterdam,Festival de Jazz de Cracovie…et, en France, le Festival de Jazz d’Anglet, la Scène Nationale de Bourges, le Duc des Lombards à Paris etc. Ce fringant virtuose a donc formé autour de son piano, avec la contrebasse de Reinier Elizarde et la batterie de Michael Olivera, ses complices qui sans hasard viennent de Cuba, le trio que Nathalie Quipandédié et Yann Vallé pour rien au monde n’aurait voulu manquer !
> De Santa Clara hasta Saint Gilles …
Les deux acolytes du pianiste Daniel García Diego sont donc Cubains, nés dans la ville de Santa Clara, comme leur aîné du Buena Vista Social Club, Ruben Gonzalez, et tant d’autres célébrités, mais, eux, au début des années 80. Reinier Elzarde a entamé très tôt des études de musique au centre culturel de la ville où il s’est tout de suite passionné pour la basse. A 15 ans il rejoignait l’Ecole nationale d’ Art et débutait peu après sa carrière au Jazz Café avec les musiciens de Irakere, le Grand Orchestre de Chucho Valdés, et commençait à jouer aussi avec le flutiste Orlando Valle (Maraca) et Vision, l’un des groupes majeurs du jazz latino à Cuba. Reinier a frequenté rapidement les plus grands festivals et s’est fait un nom aux Etats-Unis, en Europe et au Canada. A 19 ans, diplômé de l’Ecole comme contrebassiste pro et enseignant il poursuivait son cursus à l’Institut Supérieur d’Art de La Havane, et enregistrait un premier album avec Chucho Valdès « La Rumba soy yo » ( la rumba c’est moi ! ). Il fait partie de cette génération de jeunes jazzmen cubains qui se sont illustrés notamment aux côtés de Michel Legrand et aussi de César (Pupy) Pedroso, créateur du “Songo”, pianiste et compositeur de l’illustre VAN VAN, figurant, donc, rapido, parmi les meilleurs instrumentistes de son temps, raison pour laquelle il a rejoint Daniel García, musicien identifié par lui comme « original et influent » au sein de la nouvelle génération du jazz espagnol.
> The Cuban Jazz Syndicate !
Le batteur Michael Olivera, né à Santa Clara, lui aussi, s’est également fait remarquer très jeune, notamment à la tête du sextet le plus brillant du moment au nom particulièrement éloquent d’un« Syndicate » majestueux et composé de talents comme le trompettiste Carlos Sarduy, apprécié dernièrement dans ce festival Opus Pocus avec « El Comité » qui a précédé, et en duo avec Rolando Luna. Un autre « all-stars » de Cuba ce Syndicat déjà auréolé de Prix sachant qu’ Olivera a été formé , comme Reinier, à la Escuela Nacional de Arte de La Havane où il a bluffé ses profs avec cette aisance qu’il avait déjà tout petit à lire la musique, à composer la sienne et à se montrer « habité » par le jazz métissé de son pays et ses traditions. Très vite repéré, on a pu le voir jouer dans le monde entier aux cotés de musiciens tels Quincy Jones, Alfredo Rodriguez, Sting,Esperanza Spal, Román Filiú, Iván Melón Lewis ou Ariel Brínguez pour ne citer que quelques références de sa connaissance. Bref, ce batteur-là, comme ses dalons, fait partie des plus importants de la scène jazz actuelle ! Suffit d’écouter des albums comme « Ashé » et « Oasis » pour s’en persuader avant d’aller le voir à l’oeuvre nicher « ses pulsations de braise » au sein du Trio formé avec Garcia et El Negron, jeudi, aux Sables. C’est dit !
La Via de plata ?
Le titre du second album de ce Trio Daniel García, c’est la chaussée romaine de 1000 km, artère historique de la péninsule ibérique reliant Séville ( où vit le pianiste aujourd’hui) à Compostelle. Symbole des influences majeures qui ont traversé l’Espagne du Sud au Nord, cette voie pavée de succès est empruntée avec brio par le trio de ces brillants représentants du jazz hispanique actuel. On y entend le piano inventif épouser la trompette d’Ibrahim Malouf, la guitare flamenca de Gerardo Núñez , la clarinette d’Anat Cohen, poser les jalons d’un jazz contemporain élégant, nourri d’influences et de sonorités éclectiques. qui en concert, avec Elizarde et Oliveira entrent en résonance pour donner un jazz…. lumineux qui donne envie de faire un bout de chemin avec eux.
Le second album du Trio Garcia, Via de la Plata, dont on entendra quelques sets lors du concert de jeudi au Théâtre des Sables
Pandémix en entrée !
Ne pas arriver trop tard jeudi à l’Etang Salé-les-Hauts pour ne pas rater, dès 20h, le quintet de Mika Beaulieu qui partage son piano avec la guitare de son frère Nicolas , le sax de Mayence Emprin, la basse de Youric Delacuvelle et la batterie de Eric Lucilly pour un projet collectif bien nommé créé lors de la pandémie histoire de sortir de l’isolement et de laisser fuser les idées musicales confinées ! Créatif à souhait ce « Pandémix » spécial Opus Pocus !
Mika Beaulieu et son Pandémix seront là pour une belle entrée en matière jazzy, jeudi
A suivre…
Comme prévu apothéose en Trio pluriels ce week-end pour cet Opus Pocus Piano avec vendredi celui de Pierre de Bethmann et aussi celui de Léonardo Montana, puis, samedi, celui de Laurent Coulondre, tous en formations de jazzmen top niveau sous les étoiles de Saint-Gilles invitées à étinceler au tempo des invités
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