Voilà plusieurs années que Michelle et Barack Obama travaillent main dans la main avec Netflix. Sur la plateforme de streaming, on peut non seulement trouver des fictions et documentaires consacrés à l’ancien président des États-Unis et l’ancienne première dame, mais également de nombreux programmes produits et narrés par eux. À l’instar de la mini-série Working : passer sa vie à travailler, où Barack Obama part à la rencontre de nombreux citoyens américains, ou de Devenir, documentaire adapté du livre autobiographique signé par Michelle Obama. En ce vendredi 17 novembre, le couple phare redevient producteur, pour un film cette fois-ci. Et par n’importe lequel puisque, toujours dans leur initiative de sensibilisation et d’éducation, ce long-métrage signé George C. Wolfe (Le Blues de Ma Rainey), réhabilite la vie et l’œuvre de Bayard Rustin.

Bayard Rustin sur Netflix : casting convaincant pour injustice oubliée

Direction le début des années 1960 pour découvrir un Colman Domingo méconnaissable, acteur populaire remarqué pour ses rôles dans les séries Euphoria et Fear The Walking Dead, se fondre remarquablement dans les traits du héros des droits de l’Homme qu’était Bayard Rustin. Le film illustre avec rythme et clarté comment cet ami proche de Martin Luther King est devenu le cerveau d’un des événements les plus marquants du XXe siècle aux États-Unis en imaginant et organisant, malgré la réticence du gouvernement et de ses pairs, la marche de Washington de 1963 où le pasteur prononça son célèbre discours « I have a dream » devant plus de 200 000 personnes, en faisant le plus grand rassemblement citoyen à l’époque. Derrière le moment historique, le long-métrage dévoile le combat mené par Bayard Rustin non seulement contre la ségrégation mais aussi, et surtout, son combat intime face à une société qui a préféré invisibiliser ses prises de paroles et son existence plutôt que d’accepter son homosexualité. En trame de fond, derrière le portrait de Bayard, c’est tout un univers militant qui est dépeint. Sans manichéisme, le film illustre toutes les contradictions de ce mouvement pour la liberté de l’individu, qui avait parfois du mal à appliquer sa propre théorie aux femmes et aux personnes à la sexualité différente.

Netflix : un biopic qui a du rythme et de la personnalité

Le biopic est un exercice très particulier au sein de l’industrie cinématographique. Si le fond n’est jamais le même, forcément dépendant de la personnalité dont on fait le portrait, la forme, elle, peine souvent à se renouveler et ouvrir des portes créatives. Et globalement, Bayard Rustin n’échappe pas à la règle. On est forcément bouleversé par la force de caractère, l’humanité et la résilience de l’Homme, on applaudit comment le film corrige l’Histoire en réhabilitant un nom et un récit oubliés, mais on regrette une forme toutefois assez classique et commune. À l’exception près du travail réalisé sur le rythme et la musique qui illumine la mise en scène. Tout comme Bayard, le jazz, musique qui lui était chère, est passé au crible, animant tambour battant une scène d’effervescence intellectuelle ou assombrissant mélancoliquement les coups de massue qui se sont abattus sur ce parcours vers la liberté. La musique donne corps et prend corps, comme un personnage à part entière qui matérialise l’état d’esprit du héros. Sans être un chef-d’œuvre, ce film au groove jazzy entraînant n’en est pas moins nécessaire et émouvant.

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