Le ciel est-il sensible…

Le ciel est-il sensible aux chants des oiseaux ? Il faut le croire tant il s’est montré clément dimanche pour les deux représentations du « Jardin aux oiseaux », épargnées par la pluie et qui ont affiché complet dans le parc de l’Argentor à Nanteuil-en-Vallée. Une balade-spectacle aussi drôle que poétique dans les pas de Jean Boucault et Johnny Rasse, deux drôles d’oiseaux qui ont appris, enfants, à dialoguer avec les volatiles de leur Somme natale. Il faut les voir siffler, hululer, pépier et réveiller la nature autour d’eux, faisant chanter tour à tour rouge-gorge, pinson, merle noir, tourterelle ou pigeon-ramier.

Une performance étonnante où le public cherche du regard les volatiles cachés dans les feuillus verdoyants, sans pouvoir toujours distinguer si les sons viennent des oiseaux ou de l’être humain. Après tout, les oiseaux aussi se font avoir… Sauf peut-être quand Philippe Braquart surgit avec sa clarinette, faisant résonner Bach ou Stravinsky sous les arbres, entamant une battle vocale drolatique avec ses deux complices, menton en avant, mâchoires étirées qui sifflent ou roucoulent, se font la cour ou cherchent à s’intimider. On rit devant les coqs de la basse-cour s’agitant sur « Carmen » de Bizet, ou le spectacle des oies cendrées invitant le public à partir en migration sur un bœuf jazzy… Un spectacle sans paroles, qui se déguste autant avec les yeux qu’avec les oreilles.