Le guitariste texan Gary Clark Jr. fait exploser son blues pour mieux clamer identité et patrimoine.
15 juin 1984 : naissance de Gary Clark Jr.
Ne manquez pas son prochain concert à la Salle Pleyel, prévu pour le 2 juillet. Les places sont disponibles via le site de l’organisateur.
Les mots claquent, cinglants, sismiques, duel verbal épileptique avec ce phrasé presque rap qui en exsude la rancœur : “Nigga, run. Nigga, run. Go back where you come. Fuck you, I’m America’s son, this is where I come from. This land is mine.” Premier titre de l’album, premier single aussi et donc premier manifeste, comme un écho lointain et déformé du “This Land Is Your Land” de Woody Guthrie.
S’il serait trop simple et mensonger de tout lui coller sur le dos — il y a suffisamment de quoi faire par ailleurs —, l’arrivée à la Maison-Blanche de qui l’on sait a fait ressurgir au grand jour certains ressentiments racistes et leur expression — pas forcément que verbale pour le coup. À la parole libérée des uns (blancs) a succédé la réaction des autres (noirs), graduelle mais multilatérale : cinéma, musique, sport — pour ce qui est des domaines les plus exposés. Comme d’autres, qu’ils se nomment Spike Lee ou Colin Kaepernick, qu’ils soient coutumiers du fait ou novices dans l’action, et parce qu’il se considère à un moment important de sa propre existence (trentaine accomplie, paternité récente), Gary Clark Jr. a choisi de prendre ses responsabilités, de s’engager. Et donc de ne plus seulement parler avec sa guitare, de ne plus uniquement apparaître comme le dernier petit prodige docile d’un blues-rock, suivi et adoubé par un public majoritairement… blanc.
[embedded content]
Mais que l’on ne s’y trompe pas non plus. Cette émancipation — si tant est que le mot a vraiment sa place ici — ne se résume pas à quelques tirades et poings levés vengeurs. Aussi fort et essentiel que soit “The Land” pour l’album du même nom, il ne doit pas non plus être l’arbre qui en cache la forêt. Ce serait même dommage de s’en tenir là tant cette dernière est dense, touffue, en même temps que l’occasion d’une virée stylistique de tous les instants : soul-funk à la Funkadelic sur “What About You”, toisant le reggae sur “Feeling Like a Million”, bravant frontalement le garage-rock sur “Gotta Get Into Something”, country-folk sur “The Governor”, R’n’B groovy sur “Don’t Wait Till Tomorrow”. Impossible en outre de ne pas penser à Prince sur la ballade suave “Pearl Cadillac” ou à Marvin Gaye quand notre homme se lance dans un “Feed the Babies” dont la trame comme les paroles ne se cacheraient pas au moment de revendiquer la succession de “What’s Going On”.
Si la guitare reste omniprésente, elle sait parfois se faire davantage ponctuation qu’élément moteur de telle ou telle chanson. Pour mieux, ailleurs, réaffirmer ses stridences, sa rage à elle, le temps de solos à cœur et cordes perdus, mais toujours sans la moindre entrave. Free at last, free at last ? On n’ira peut-être pas si loin non plus. This Land tient davantage de la piqûre de rappel pour signifier que rien ne… s’oublie, que l’on ne laissera rien passer désormais. Quitte à conclure — momentanément — les débats par un blues traditionnel (“Dirty Dishes Blues”). Parce qu’après tout, la vie — comme l’Amérique — est un éternel recommencement ; et que, si la mémoire est parfois dans la peau, elle est aussi dans la terre…
OK ! Si la guitare reste omniprésente, elle sait parfois se faire davantage ponctuation qu’élément moteur (…) « This Land » tient davantage de la piqûre de rappel pour signifier que rien ne s’oublie.
<!–
{{$data | json}}
–>
Xavier Bonnet
La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Festival Jazz » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de jazzmezencjazz.com est de débattre de Festival Jazz dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Festival Jazz », vous est volontairement proposé par jazzmezencjazz.com. Connectez-vous sur notre site internet jazzmezencjazz.com et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.