Quand Didier Bergen a demandé, il y a quatre ans, à André Manoukian d’être le parrain de son nouveau festival de jazz, ce dernier se souvient avoir songé : « Je ne savais pas où était l’Albret, mais j’ai dit ou sans réfléchir ! » Ce vendredi soir, le pianiste était donc tout sourire au moment d’ouvrir la 4e édition de l’Albret Jazz Festival entouré des élus locaux qui sont à l’initiative de ce rendez-vous qui prend de l’ampleur. « La musique est un des endroits qui réunit les gens dans la convivialité. C’est donc très important pour un territoire ou une ville. »

Ces mots, le public de l’Albret Jazz Festival les a repris à bon compte. La billetterie affichait guichets fermés depuis le milieu de semaine pour les concerts d’Ana Carla Maza et André Manoukian. Et la météo pluvieuse n’a pas freiné les ardeurs des quelque 1 200 festivaliers qui ont vécu cette première soirée de jazz. « La musique, c’est huit notes à mélanger pour s’évader », rêvait Alain Lorenzelli. « Avec les incroyables musiciens et chanteuses qui m’accompagnent sur scène, on va vous donner de l’amour et du plaisir », lui promettait alors André Manoukian.

Les premières notes ont chassé la pluie

Offrir du plaisir aux gens, c’est aussi le credo de la soixantaine de bénévoles mobilisés toute la journée pour préparer le parc de la Garenne et assurer la bonne tenue de cette première soirée de l’Albret Jazz Festival. À l’heure des remerciements, ils ont plus que mérité leur ovation.

C’est le groupe palois Miss Bee and the Bullfrogs qui a lancé les premières notes du festival. Comme un signe, les premiers accords jazzy ont fait cesser la pluie. Le style résolument groove de ces sept jeunes et talentueux musiciens a séduit les premiers festivaliers. Les premiers couples de danseurs, en k-way, ont très vite cédé aux appels de la musique et de la piste en bois.

Autre découverte, celle de l’artiste cubaine Ana Carla Maza. Les organisateurs de l’Albret Jazz Festival avaient prévenu, une claque scénique et sonore était en approche. Et ce n’est pas la fraîcheur de cette nuit de septembre qui a éteint le tempérament de feu de l’enfant des quartiers de La Havane. Seule avec son violoncelle sur scène, elle a livré une prestation époustouflante. Une voix incroyable, d’une chaleur enveloppante, et un sourire indécrochable. L’entièreté de sa musique émanait de son corps. Vibrante, électrisante, touchante. Une découverte pour beaucoup de festivaliers. Mais qu’ils ne sont pas près d’oublier.

Un public aux anges

Puis, au cœur de la soirée, le parrain est monté sur la scène sous un tonnerre d’applaudissements. Derrière son piano, accompagné de ses musiciens et des voies extraordinaires de Deborah Leclercq, Awa Ly, Elodie Fréger et Nesrine, il a bercé le public néracais des plus belles chansons du regretté Serge Gainsbourg. La Javanaise et Couleur Café, en conclusion de set, ont fait chanter et danser les festivaliers, debout et heureux. Avant cela, les autres succès de l’artiste, réappropriés par Manoukian et ses chanteuses, ont scotché. Notamment La chanson de Prévert version Elodie Fréger.

« La musique, ce sont des musiciens qui dialoguent ensemble », avait glissé l’icône du jazz français avant de monter sur scène. Une discussion pour le plus grand plaisir du public, comme promis par le parrain de l’Albret Jazz Festival. Pari tenu cher André. La scène du théâtre de verdure, copieusement garnie, a pris beaucoup de plaisir. Et ça ne fait que commencer…