Bruxelles et le Botanique, deux endroits clairement à part dans le cœur de Joan Wasser aka Joan As Police Woman. Ce soir, le simple fait d’évoquer sa première visite dans le complexe de la rue Royale en 2006 illuminera instantanément son regard. La Rotonde l’avait accueillie à l’époque, c’est désormais l’Orangerie qui constitue son terrain de jeu…

Elle y a présenté sa dernière livraison, “Lemons, Limes & Orchids”, un dixième album paru chez [PIAS], autre acteur-clé de sa carrière. Parsemé d’influences soul, il emprunte une direction plus léchée, plus produite que par le passé. Les versions proposées sur scène leur rendront en tout cas justice, à commencer par “The Dream”, impeccable titre d’intro qui mettra d’emblée le concert sur orbite à 20 heures tapantes.

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Cette fois, c’est en formule trio que la miss a imaginé cette tournée. Une combinaison gagnante tant la symbiose qui l’unit au batteur Jeremy Gustin et au guitariste Will Graefe apparaît comme une évidence. Loin d’être des manchots, ces derniers portent véritablement le show en offrant des moments de pure grâce. La bluffante dextérité du premier et la technique désarticulée du second complémentent en effet la voix d’une Joan particulièrement souriante derrière ses claviers. Un langoureux “Full-Time Heist” et un “Warning Bell” parfait poursuivront ainsi un début de set pour le moins inspiré.

Non contents de brillamment orchestrer la soirée, les deux musiciens impressionneront leur monde en assurant des chœurs de première catégorie. En revanche, lorsqu’ils accaparent l’espace et laissent libre cours à leur improvisation, leurs délires jazzy aux contours sophistiqués à la Steely Dan, aussi travaillés soient-ils, apparaissent parfois un peu too much (sur l’interminable break de “Long For Ruin”, par exemple).

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Heureusement, ces moments ne seront pas légion et Joan Wasser reprendra rapidement la main, comme lorsqu’elle attrapera une guitare pour un groovant “Hard White Wall” qui nous permettra notamment d’admirer son élégante tunique bordeau satinée. Un délicat “Started Off Free” sur fond d’arrangements larmoyants, un “Chemmie” à la guitare sous-jacente prête à exploser et un “Tell Me” plutôt sexy se démarqueront encore lors de la première partie du set.

Car, curieusement, la soirée sera scindée en deux sans explication précise. “Because it’s fun”, blaguera-t-elle, avant d’encourager les spectateurs à profiter du break pour faire un tour au stand merchandising et ainsi épargner le rush d’après-concert à leur collègue vendeur. Avec le recul, on considérera cette première partie comme un solide échauffement car la suite s’avérera davantage prenante. Même si elle sera entamée en douceur via le pertinent “Back Again” et son riff disco entêtant.

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Définitivement lancé, le trio complémentaire se n’arrêtera plus et balancera des interprétations à la fois troublantes (le faussement reggae “Flushed Chest”), bouleversantes (“Valid Jagger” en mode dramatique) et méditatives (“The Ride” et son intro à la guitare pleine de zénitude). Une puissance toute retenue qui laissera également la place à des parties plus enlevées. On pense ainsi à un intense “Oh Joan” au final déstructuré ou à “The Magic”, nerveux à souhait en clôture du second set, non sans avoir préalablement remercié un nombre impressionnant de personnes. Humble et reconnaissante, Joan Wasser l’est assurément.

Emotionnelle également, comme le prouveront les deux titres en rappel et particulièrement sur le délicat “Real Life”, seule derrière ses claviers. Avant un ultime baroud d’honneur en trio pour un “Tribute To Holding On” à donner des frissons. Les années passent et, à l’instar d’un bon Bordeaux auquel renvoie son accoutrement, bonifient une artiste à la générosité intacte.

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SET-LIST
THE DREAM
FULL-TIME HEIST
WARNING BELL
REMEMBER THE VOICE
LONG FOR RUIN
STARTED OFF FREE
HARD WHITE WALL
CHEMMIE
TELL ME
LEMONS, LIMES & ORCHIDS

BACK AGAIN
FLUSHED CHEST
VALID JAGGER
THE RIDE
OH JOAN
ETERNAL FLAME
THE MAGIC

REAL LIFE
TRIBUTE TO HOLDING ON

Organisation : Botanique

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