LIVE REPORT – Ce week-end, le festival strasbourgeois fête les 40 ans du festival Musica. Retour sur la soirée d’ouverture.

Quarante automnes déjà que Musica déploie ses concerts contemporains et expérimentaux à Strasbourg. À la clé pour le public, des expériences mémorables, à base de rencontres inédites. Le concert d’ouverture d’hier soir, à la Laiterie, a donné le ton avec une affiche des plus surprenantes.

Constructions/déconstructions néerlandaises

L’ensemble d’ouverture Asko|Schönberg est néerlandais. Ce premier morceau, et il n’y en aura qu’un d’ailleurs, est plutôt d’une ambiance jazzy. C’est doux à l’oreille, les 3 choristes frontales y sont pour beaucoup. Les musiciens derrières tissent une ambiance sonore entre jazz et mélodie découpée. Cette première partie, ce premier morceau donc, laisse place à un changement de mise en place de la scène. Un interlude qui sera accompagné musicalement par le saxophoniste David Kweksilber faisant un phrasé saccadé rappelant parfois (un peu) la musique sans note de Coltrane.

La seconde partie est en fait une battle d’un groupe scindé en 2, parfaitement symétrique visuellement. Ce morceau avait le mérite de nous présenter une musique répétitive mais asynchrone entre les 2 groupes. L’impression sonore est intéressante. J’ai bien aimé la montée en puissance du morceau. 30 minutes qui sont passées vite. On aura noté la présence de 2 flûtistes, jouant de la flûte de pan! Assez rare, une première pour moi, sur scène.

Electro hip hop mitraillé

Arrive Clipping., trio hip hop énergique déjà croisé cet été à la Route du Rock. Le MC Daveed Diggs est accompagné de deux DJs qui donnent à ce groupe son côté rock. Des sons très “noise” pour porter le débit très rapide du MC digne d’une voiture de course lancée a pleine vitesse (sur circuit). La première partie du concert démarre sur un rythme assez lent mais qui s’accélère au fur et à mesure et ce n’est pas sans déplaire au public et au MC qui nous partage son bonheur de jouer dans cette Laiterie bien remplie.

Le phrasé de Daveed est accompagné de déplacements élégants et légèrement chaloupés, synchronisés avec son flow. Les spécialistes auront noté que ce MC n’utilise que très peu ses mains pour accompagner son chant. C’est rare dans ce genre musical populaire né outre-Atlantique. Ce set m’a donné envie de remettre quelques galettes hip hop sur ma platine. Cette soirée grand écart aura eu le mérite de proposer des genres musicaux peu représentés à la laiterie. À bon entendeur.

Texte : Bruno Geniller
Photos : Morgane Milesi

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