Vous avez commencé la magie en 1982. Est-ce que votre définition de cet art a évolué en 42 ans ?

Pas tellement, ni même ma façon de faire, parce que j’ai eu la chance de voir de grands maîtres, comme celui qui a été déclencheur de ma vocation, le champion du monde, Lance Burton. Il est insurpassable. Je suis resté sur cette idée de magie très puissante, avec un choc très fort, et je reviens toujours à ces sources. La racine du mot « illusionniste », c’est ludus, le jeu en latin. Ce qui m’intéresse dans la magie, c’est le jeu, l’apport de la comédie, parce que je viens de là, j’ai commencé comme comédien au conservatoire de Rouen. Mon premier spectacle, Magic Cartoon, c’était en 1984. Il y avait Karin Viard qui jouait dedans, on était au conservatoire ensemble. Dans ce spectacle-ci, Golden Magic, se cristallisent dans le spectacle des talents, magiciens, comédiens, danseurs, gens de cirque, et tout ça emmène les gens dans une histoire. On va vers un spectacle total, parce que le tour de magie pour lui-même ne m’intéresse pas du tout. On met ça totalement de côté, les trucs ça ne m’intéresse pas, d’ailleurs le mot est affreux.

En quoi Golden Magic bouleverse les codes de la magie ?

L’innovation n’est pas de raconter une histoire avec le spectacle mais d’engager des numéros qui viennent du Japon, de Suède, d’Allemagne, d’Espagne, et ça c’est exceptionnel, d’utiliser tous ces numéros et formats et de les assembler pour réaliser l’histoire. Dès qu’on propose quelque chose de nouveau, c’est risqué, et c’est très bien comme ça. La magie a beaucoup de mal à s’imposer dans le paysage culturel parce qu’elle est recouverte de poussière, ou du fait que c’est juste de la performance. Alors que le cirque a réussi à faire sa transmutation avec le nouveau cirque, la magie cherche encore un petit peu ça. C’est ce qu’on essaie de faire. On a 1 000 personnes devant nous de tous âges, de tout milieu, il faut que tout le monde fasse son miel du spectacle.

Le risque aussi, c’est de ne pas baisser le rideau entre les numéros ?

Ça s’est déjà fait, mais dans ce type de registre, c’est très complexe techniquement. J’y tenais beaucoup pour ce spectacle-là, je ne voulais pas de rupture, je voulais que le spectacle avance comme une pièce de théâtre. Il a fallu trouver des combines, parce que normalement entre les numéros on ferme le rideau pour installer, désinstaller. En engageant des numéros extérieurs, c’était un défi pour les artistes.

La magie est-elle un langage universel ? Ou est-elle différemment interprétée selon les cultures ?

Il n’y a pas de langage universel, on est plutôt dans un métavers, avec des styles différents. Prenons Tomonori Kurokawa, il a une magie très raffinée. Je crois qu’il n’y a qu’un Japonais pour faire ça, avec ce sens du détail, cette précision. Il vient du Japon spécialement pour le festival. Axel Adler, lui, Suédois, est un peu d’une autre planète. Il pense à des choses auxquelles personne d’autre n’a jamais pensé. Les magiciens, chacun dans leur domaine, pensent et réalisent des choses que personne n’avait envisagées avant.

Pratique

Golden Magic : représentations samedi 12 octobre à 17 h et 20 h 30, et dimanche 13 octobre à 14 h. Tarifs : de 27 € à 67 € (à partir de 4 ans). Ateliers de magie pour les 7-10 ans, samedi 12 et dimanche 13 à 10 h 45. « La nuit d’Anaël », spectacle pour les 3-7 ans : représentations samedi 12 et dimanche 13 octobre à 11 h. Tout le festival se déroule au Palais des arts de Vannes. Infos et réservations : www.vivelamagie.com et réseaux de billetteries habituels ou par téléphone : tel. 06 22 73 72 12/02 23 21 07 66.