Le triomphe de l’amitié. Pourrions-nous ainsi résumer la victoire d’Amy du Kiff dans le Prix Maurice Gillois, ce dimanche à Auteuil. Une première victoire au plus haut niveau pour son jeune jockey Léo-Paul Bréchet, âgé de 20 ans. Une seconde pour son entraîneur, Gabriel Leenders, après celle de Gardons Le Sourire dans le Prix Ferdinand Dufaure, en 2020 à Compiègne.
Le déroulement de course a tenu toutes ses promesses avec une Jazzy Senam qui a joué son va-tout dans la fuite en avant. Angelo Zuliani a pris le large au fur et à mesure des hectomètres parcourus. Une tactique de course qui mettait davantage de pression à ses adversaires, et notamment au grandissime favori, Juntos Ganamos, qui émaillait son parcours de quelques petites fautes. “Il se néglige sur les obstacles, car c’est un cheval qui a énormément de marge”, commentait Mickaël Rizieri, copropriétaire du lauréat du Prix Ferdinand Dufaure. Après avoir tutoyé la haie de la plage d’Auteuil et la rivière des tribunes, le puissant fils de Martaline a éjecté Felix de Giles au petit open-ditch, sur une nouvelle hésitation. Les cartes étaient rebattues à cet instant du parcours. Toutefois, la fuyarde Jazzy Senam n’en avait cure et faisait très longtemps illusion pour la victoire. Jusqu’à ce qu’Amy du Kiff fonde sur elle, prenant l’avantage dans les cent cinquante derniers mètres.
Du grand art de la part de son jockey, Léo-Paul Bréchet, qui remporte son premier groupe I pour son premier essai à ce niveau. Le jeune homme est propulsé sous les feux des projecteurs à 20 ans, étant passé du côté des professionnels depuis deux mois, après avoir couru précédemment chez les amateurs. “Quel sauteur ! Il a un cœur énorme. Nous avons eu le scénario rêvé, on savait que les bons chevaux étaient capables de faire des erreurs, on avait des trajectoires pour nous, il y a un facteur chance aussi, car tout s’est déroulé comme dans un rêve. C’est un truc de fou ce qui se passe, je veux remercier tous les gens qui sont autour de moi, le matin, l’après-midi, les entraîneurs, les propriétaires qui me font confiance, mon père, ma famille, c’est une super histoire. Cela ne fait que deux mois que je suis jockey, je ne sais pas comment c’est possible que tout se déroule aussi vite, a déclaré, ému aux larmes, le pilote vainqueur, avant d’ajouter : Je savais que Juntos Ganamos était capable de faire des erreurs, et qu’il n’avait peut-être pas le même mental qu’au printemps. On a monté pour nous. Après la chute de Felix (de Giles, sur Juntos Ganamos), à partir du talus, je savais que le cheval avait les ressources pour l’emporter maintenant que les favoris n’étaient plus là, ensuite il ne me restait plus qu’à fignoler.”
Gabriel Leenders était fou de joie au milieu de ses amis copropriétaires, la brigade du kiff. Sous un temps maussade et pluvieux, ils ont réchauffé l’atmosphère par des cris et des chants soutenus. “C’est incroyable de vivre de telles émotions. Le cheval était au mieux et Léo-Paul l’a monté avec beaucoup de sang-froid. Je ne suis qu’un maillon de la chaîne et ce succès est le fruit d’un travail collectif”, a précisé humblement Gabriel Leenders.
Le pari a failli fonctionner pour Jazzy Senam, deuxième. “Ça a roulé, hein ?, expliquait François Nicolle en riant. Elle court très bien et j’avoue que j’y ai cru, encore plus quand le jockey de Juntos Ganamos est allé au tapis. C’était quand même une grosse épine dans le pied en moins. On est battu à la régulière, il n’y a rien à dire. Mais tu ne vieillis pas bien avec une pouliche comme elle… Qu’est-ce que le temps te semble long dans le parcours. Je ne sais pas ce qu’on fera désormais. Sans doute va-t-elle aller au haras pour être poulinière. C’est mieux pour le cœur de tout le monde (rire).”
Heureux troisième avec Jost, monté par Kévin Nabet, Mickaël Seror a appris : “Je savais que la distance et l’état du terrain allaient jouer en sa faveur. Les conditions étaient réunies pour que Jost réalise une grande performance.”
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