Installé depuis les années 1960 à Aiguillon, le docteur Serra aurait eu 90 ans en 2024.
Cet été encore il faisait sa promenade quotidienne dans les rues d’Aiguillon. Malgré le temps qui avait passé, l’âge n’avait pas affecté sa silhouette de jeune homme, ni son visage que l’adolescence semblait ne jamais avoir totalement quitté. Et puis en quelques mois, la maladie implacable s’est abattue.
Arrivé dans les années 1960
Fils d’un couple d’enseignants, Jean-Jacques Serra était né à Marrakech en 1934, puis il avait passé son enfance en Algérie. Après de brillantes études de médecine qui le propulsèrent très jeune dans la vie active, il choisit Aiguillon, au début des années 60, pour s’y installer comme médecin de campagne. Un peu plus tard, sa spécialisation dans la radiologie lui conféra un emploi du temps moins contraignant, et lui permit de se consacrer à la culture, dont cet admirateur d’AlbertCalmus était profondément épris.
Créateur d’une radio libre
Son engagement culturel, ce fut d’abord pour faire venir dans la cité ducale la Compagnie Dramatique d’Aquitaine, de 1970 à 1980, pour des spectacles ambitieux. Puis, la loi permettant la création des radios libres après l’élection de François Mitterand l’incita à en créer une à Aiguillon, dans les locaux du Pacha Club . Il l’intitula, non sans panache, Radio Lot-et-Garonne.
Lors de l’été 1988, en créant le festival « Jazz in Aiguillon » il porta haut le flambeau de la cité ducale et du département tout entier : qu’on en juge par les têtes d’affiche qui en firent la gloire au cours des presque 20 années que dura cette prestigieuse manifestation : Guy Lafitte, Claude Luter, Stéphane Grapelli, Michel Petrucciani, Lionel Hampton, Rhoda Scott, Didier Lockwood, le guitariste Baden Powel, Claude Bolling… ainsi que des chanteurs « jazzy » comme Maurane, Marianne James ou Claude Nougaro.
Et très engagé localement
À la tête d’une équipe de bénévoles, il fit d’Aiguillon une véritable fête où toutes les associations de la commune venaient participer. Les Aiguillonnais ne sont pas près d’oublier le docteur Serra qui fut pendant plus de 60 ans, l’une des figures majeures de la cité ducale.
Lui dont la famille avait des racines corses, et qui avait passé la première partie de son existence dans le Maghreb avait fait d’Aiguillon et de ce département sa patrie de cœur.
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