Aux abords de ce rond-point bayonnais, là où le restaurant Quick a rouvert son comptoir voilà déjà un mois, il faut encore parfois patienter près d’une heure au volant avant d’emporter sa pitance. « Victimes de notre succès », s’excuse la manager de cette enseigne revenue du diable Vauvert après avoir en grande partie été dévorée par l’ogre Burger King.
Deux centaines de kilomètres plus à l’est, dans les faubourgs d’Agen, chez Popeyes, le ravitaillement est pour l’heure autrement plus aisé à celle du déjeuner. Point d’épinards à la carte de ce fast-food lui aussi récemment inauguré dans une zone commerciale à mille autres pareilles, mais du poulet frit à toutes les sauces, en particulier cajun. Déco plutôt soignée façon New Orleans et ambiance jazzy pour cette franchise quasiment…
Aux abords de ce rond-point bayonnais, là où le restaurant Quick a rouvert son comptoir voilà déjà un mois, il faut encore parfois patienter près d’une heure au volant avant d’emporter sa pitance. « Victimes de notre succès », s’excuse la manager de cette enseigne revenue du diable Vauvert après avoir en grande partie été dévorée par l’ogre Burger King.
Deux centaines de kilomètres plus à l’est, dans les faubourgs d’Agen, chez Popeyes, le ravitaillement est pour l’heure autrement plus aisé à celle du déjeuner. Point d’épinards à la carte de ce fast-food lui aussi récemment inauguré dans une zone commerciale à mille autres pareilles, mais du poulet frit à toutes les sauces, en particulier cajun. Déco plutôt soignée façon New Orleans et ambiance jazzy pour cette franchise quasiment inconnue du grand public, malgré 4 000 restaurants ailleurs dans le monde.
Dans la foulée de Paris et de Brest, c’est au cœur de la Gascogne que l’Américain a donc remis le couvert après une première incursion française ratée en 2018, promettant cette fois d’ouvrir une nouvelle adresse chaque semaine. Et de voler ainsi dans les plumes de son concurrent KFC, quand Wendy’s avec ses steaks carrés – troisième plus grande chaîne de restauration rapide au monde – est le dernier avatar du genre chez nous annoncé.
« Tout le monde y va »
Tandis que les prochaines semaines verront notre ciel constellé d’étoiles Michelin (palmarès le 18 mars), voilà donc une tout autre réalité de la gastronomie made in France. Qu’importe notre complexe de supériorité mondiale, à force de burgers, kebabs, bagels, naans, tacos, pizzas, burritos, wraps, nachos et autres poke bowls conjugués à toutes les sauces de la « fast food », l’Hexagone en est ainsi devenu l’arrière-cuisine.
Avec au total plus de 52 500 établissements, contre seulement 13 000 vingt ans plus tôt, nous voici même, derrière les États-Unis, le deuxième contributeur mondial pour McDonald’s et ses deux millions de clients quotidiens en France. Toutes enseignes confondues, et malgré une addition moyenne en apparence raisonnable (11,70 €), c’est ici également qu’elle reste la plus élevée. « Un restaurant génère deux à trois fois plus de chiffre d’affaires que partout ailleurs sur la planète », reconnaît l’un des dirigeants de Popeyes. Paradoxe et raison pour lesquels les multinationales du burger n’auront pas choisi au hasard le pays de la bonne chère pour s’y redéclarer la guerre.
Les trois quarts de la génération Z boulottent entre les repas
Victimes consentantes de cette malbouffe supposée, selon l’Anses (1), 55 % des adultes actifs et des étudiants fréquentent au moins une fois par mois un fast-food, deux sur dix plus d’une fois par semaine. Question de goût, mais également d’habitudes alimentaires et professionnelles changeantes, quand la pause déjeuner se réduit parfois à sa portion congrue. Ainsi, tandis qu’un repas sur deux pris hors domicile l’est désormais dans la restauration rapide, les trois quarts de la génération Z (née entre 1997 et 2010) boulottent-ils entre les repas.
À ceux qui achèveraient là de brosser le profil type du « fast-fooder », disons tout de même que l’affaire est sociologiquement plus complexe. Au McDo comme chez la plupart de ses concurrents, des cheveux longs, des cheveux blancs, du costard-cravate autant que du survêtement. Et Julie, 19 ans, de s’interroger d’ailleurs sur le sens de cette question : « Qui va chez McDo ? Bah tout le monde » (2). Fermez le ban, près d’un demi-siècle après l’avoir discrètement glissé entre deux pains briochés, croquer dans un burger n’a plus rien de l’acte originel, original, voire frondeur qu’il fut autrefois. Pour d’anciens jeunes devenus parents sans être obèses, le Big Mac vaut bien une madeleine de Proust.
Géopolitiquement, la France fast-food – celle où l’on peut encore se nourrir pour une bouchée de pain – est en revanche le reflet d’une certaine paupérisation. Parfois la dernière part de cette tarte à la crème du « vivre ensemble » lorsque, en banlieue, le kebab du coin reste également le dernier commerce du quartier. Selon l’étude du cabinet spécialisé CHD Expert-Datassential, il est au demeurant à noter que seuls 6,8 % des établissements de restauration rapide appartiennent aux grandes chaînes.
Montée en gamme ?
Mais revenons à Agen et à nos poulets, bretons et de batterie. En bouche, l’impression laissée par le « Chicken Deluxe » de Popeyes (7,45 €) n’est pas mauvaise – un peu moins cartonnée et farineuse que chez la concurrence, dirait-on même. Par la grâce, plutôt que la graisse, de cette montée en gamme promise çà et là par certains observateurs ? Féroce historien de la malbouffe, Loïc Bienassis en doute, préférant d’abord expliquer ce ressenti par l’hypothèse d’une baisse de qualité dans la restauration traditionnelle.
Davantage que de clients leur tombant tout cuits ou presque dans le bec, c’est désormais de place dont manquent les géants de la discipline – à tout le moins d’emplacements stratégiques. Des centres-villes historiques jusqu’au fin fond de nos campagnes, en passant par l’eldorado des zones périphériques, là où McDo – 25 nouveaux restaurants chaque année – et compagnie se jettent comme des morts de faim sur la moindre zone commerciale. Au risque parfois pour les seconds couteaux de s’y casser les dents. Échaudé par son premier aller-retour hexagonal, Popeyes, cette fois, prévient qu’il pourrait en partie se rabattre sur quelques « dark kitchens » (cuisines sans restaurant ouvert au public) et leurs livraisons.
« Nous sommes devenus un ring où les grandes enseignes viennent se défier »
« Pourquoi viennent-ils tous ici ? » s’inquiète en retour Adrien Pedrazzi, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) en Lot-et-Garonne. « Parce que c’est moins cher que la rue Sainte-Catherine à Bordeaux. Nous sommes devenus un ring où les grandes enseignes se défient. Et cela rend de plus en plus difficile la survie des petits restaurateurs locaux. »
Signe des temps, tandis que l’ancien PDG de McDonald’s France se souvient d’élus locaux « le fuyant autrefois comme la peste », c’est la première adjointe du maire d’Agen en personne que l’on retrouve aujourd’hui à la tête de la paire de Burger King de l’agglomération.
(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
(2) Il y a environ 1 550 McDonald’s en France, 500 Burger King, 330 KFC, autant de O’Tacos, et environ 120 Quick.
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