Un coup de tonnerre lointain, les harmoniques d’une cymbale ride qui semblent suivre le rythme des gouttes qui tombent, une ligne de basse hypnotique et des pianotis de Fender Rhodes qui dansent… Impossible d’imaginer Riders on the Storm sans la fameuse introduction pluvieuse qui imbibe toute la chanson de son atmosphère bruineuse et mystérieuse, indissociable de sa partition en mi mineur.
« Un orage dans le désert », tels sont les mots que le chanteur Jim Morrison donne pour indication à ses compagnons du groupe The Doors, le claviériste Ray Manzarek, le guitariste Robby Krieger et le batteur John Densmore, pour mettre en musique les paroles mystiques qu’il vient de coucher sur son carnet. Le « Lizard King » (« roi lézard ») lui-même suggère le rajout de sons de la pluie et du tonnerre, lors des séances studio qui se déroulent au Doors Workshop en Californie, en décembre 1970, lors des sessions finales de l’album L. A. Woman.
Rien de plus évocateur, en effet, qu’une tempête pour raconter l’histoire d’un vagabond solitaire. Le poète en cuir noir évoque notamment dans sa prose « un tueur sur la route ». Il s’inspire d’un fait divers qui défraya la chronique au début des années 1950 : Billy Cook, un autostoppeur de 23 ans, assassina six personnes, dont une jeune famille, au cours d’un road trip sanglant du Missouri à la Californie. Une sombre histoire qui avait déjà servi de trame au film expérimental HWY : An American Pastoral, réalisé en 1969 par Paul Ferrara. Le charismatique chanteur des Doors interprète lui-même un autostoppeur dans ce road movie métaphysique de cinquante minutes, tourné en partie dans le désert des Mojaves et à Los Angeles.
Motif un peu western
Musicalement, la chanson s’inspire initialement d’un classique country (Ghost) Riders in the Sky : A Cowboy Legend, interprété par Stan Jones and the Death Valley Rangers en 1948, superbe ballade fantomatique sur laquelle le quatuor californien jammait régulièrement lors de ses répétitions.
Pour « ambiancer » cette dépression météorologique dans le désert, le guitariste Robby Krieger trouve un motif minimaliste joué sur un effet « flanger » (un son clair et noyé), un peu western, dans l’esprit des bandes originales du maestro Ennio Morricone, très en vogue à l’époque. Enfin, dernier élément essentiel de cette alchimie, le jeu de batterie jazzy, tout en retenue, de John Densmore, qui confère à cette partition de sept minutes une élégance un brin mystique.
Ces « cavaliers de la tourmente » signent ainsi l’ultime manifeste des Doors avec Morrison. La chanson clôture magistralement leur sixième et dernier album, L. A. Woman. Au printemps 1971, juste après avoir fini l’enregistrement de celui-ci, James Douglas Morrison prend un vol pour Paris, où il rejoint sa fiancée, Pamela Courson. Il meurt le 3 juillet. Ce sera la dernière chanson enregistrée par le leader du groupe de rock californien de son vivant, signant malgré lui son épitaphe. Mais quelle épitaphe !
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